EN FRANCE, 15 à 16 millions de personnes sont hypertendues et 70 % des hypertendus sont âgés de plus de 60 ans. « On entend ici et là que l’hypertension n’est plus un problème de santé publique, qu’elle n’est presque pas une maladie, voire qu’il y a trop de médicaments dans l’HTA. Pourtant, on peine aujourd’hui à contrôler un hypertendu sur deux malgré la foison de moyens mis à disposition des patients et des médecins », déclare le Pr Jean-Jacques Mourad, président du Comité français de lutte contre l’hypertension artérielle (CFLHTA). Si dans les années 2000, le contrôle tensionnel en France était parmi les meilleurs d’Europe avec 40 % d’hypertendus contrôlés, celui-ci stagne désormais depuis 5 ans à 50 %. Un taux bien inférieur à certains de nos voisins européens ou à celui des États-Unis (70 %). Certes, les patients par manque de motivation ou problèmes d’observance, ont une part de responsabilité dans ces mauvais chiffres du contrôle de l’HTA en France, mais les médecins ne sont pas exempts de tout reproche, qu’il s’agisse de banalisation de la maladie ou d’inertie thérapeutique. De plus, s’agissant des traitements, « il faut savoir que les médicaments actuellement disponibles sur le marché n’ont pas été développés pour traiter toutes les formes d’hypertension artérielle, en particulier les formes d’HTA du sujet âgé. Tous ces médicaments ont été développés pour bien équilibrer la diastolique. Or, les nouvelles hypertensions artérielles du fait du vieillissement de la population sont des HTA à prédominance systolique. L’essentiel des individus ne sont pas équilibrés à cause d’une systolique non contrôlée et on les soigne avec des traitements de la diastolique », explique le Pr Mourad. Dans le cadre du plan AVC, le CFLHTA, la Société française d’hypertension artérielle (SFHTA) et la Société française neurovasculaire (SFNV) lancent avec le soutien de la Direction générale de la santé (DGS) une ambitieuse campagne auprès de médecins généralistes et des médecins spécialistes impliqués dans l’HTA pour faire évoluer les comportements médicaux et atteindre l’objectif de 70 % d’hypertendus contrôlés en 2015 en France. « Cela permettrait de sauver des milliers d’individus en France tous les ans et de les préserver du handicap que constitue l’accident vasculaire cérébral », souligne le président du CFLHTA. Outre l’AVC et l’insuffisance cardiaque, l’HTA est aussi le premier facteur de risque modifiable de démences. « Si l’on ne peut pas agir sur certains facteurs génétiques la pression artérielle à 50 ans conditionnera la qualité des neurones à l’âge de 75 ans », rappelle le Pr Mourad.
Sept conseils.
À partir de la fin du mois de janvier, plus de 55 000 généralistes et 4 000 médecins spécialistes impliqués dans la prise en charge de l’HTA vont recevoir par courrier le livret d’information de la campagne « objectif 70 % des hypertendus contrôlés ». Celui-ci sera par ailleurs bientôt téléchargeable sur les sites Internet du CFLHTA, de la SFHTA et de la SNFV. Réalisée par des experts de l’hypertension artérielle, cette brochure propose une synthèse des moyens thérapeutiques actuels susceptibles d’améliorer la prise en charge de l’HTA. L’ensemble du contenu a été validé par le ministère de la Santé et la Société française neuro-vasculaire. Avec cette campagne, « nous souhaitons transférer 30 ans d’expertise pratique de spécialistes de l’HTA au plus grand nombre de praticiens qui prennent en charge les hypertendus », indique le Pr Mourad. Tout est finalement résumé en sept conseils : s’assurer du niveau tensionnel en dehors de la consultation ; dépister la mauvaise observance des traitements ; passer de la monothérapie à la bithérapie fixe en cas de non-contrôle après le traitement initial ; proposer la prescription de la trithérapie antihypertensive chez les patients non contrôlés par une bithérapie ; rechercher les signes en faveur d’une cause à l’HTA non contrôlée ; organiser le parcours de soins des hypertendus et l’accès aux spécialistes ; évaluer la performance de la prise en charge. « Nous pensons que si les médecins généralistes suivent ces conseils, ils pourront arriver très facilement à 70 % de contrôle d’hypertendus dans leur patientèle ».
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