« TRENTE pour cent des hôpitaux russes n’ont pas l’eau chaude, 8 % ne sont pas reliés à l’eau courante, 9 % n’ont pas de tout-à-l’égout, et un quart des hôpitaux a besoin de travaux de reconstruction. Plus de 60 % des appareils de radiographie et la moitié de ceux d’échographie et d’électrocardiographie sont démodés ». Ce n’est pas un médecin désabusé qui parle, mais Vladimir Poutine en personne, lors d’un discours prononcé mi-avril devant des professionnels de santé.
Le Premier ministre russe a fait de la santé sa nouvelle priorité. Il vient d’annoncer 460 milliards de roubles supplémentaires sur deux ans. La réforme comporte plusieurs axes : renforcement des soins primaires, constructions hospitalières, achat de matériel, développement de l’offre en milieu rural. Un Russe vit en moyenne six ans de moins qu’un Chinois, en raison notamment des ravages de l’alcool. L’on meurt cinq fois plus d’une maladie cardiovasculaire en Russie qu’en Europe de l’Ouest. Si les clignotants sont au rouge, la situation s’améliore progressivement. L’espérance de vie est ainsi passée de 65 à 69 ans en quatre ans. Le budget de la santé a été multiplié par quatre depuis 2001, pour atteindre 3,9 % du PIB selon le Premier ministre.
« Paiements informels ».
Reste que la santé est l’un des secteurs les plus corrompus de Russie, avec l’enseignement et la police. Poutine le reconnaît à mi mot, lorsqu’il dit qu’« il est nécessaire de changer l’attitude des professionnels de santé envers leur travail et leur profession, et de créer un système de gestion clair, précis et efficace ». Les soins sont gratuits, du moins sur le papier. Fut un temps où l’on apportait un poulet à son médecin pour s’assurer de ses bons soins. La pratique du cadeau est toujours de mise, mais l’argent – « les paiements informels », dit-on pudiquement – a remplacé la nourriture. Les ménages y consacreraient entre 40 % et 50 % de leurs dépenses de santé. Tordre le cou à cette pratique ne sera pas chose aisée. Poutine compte assainir le système grâce à l’augmentation du salaire des médecins (+6,5 % en juin prochain), et à la publication d’une « cote de popularité » des hôpitaux.
Ses annonces n’ont pas calmé tous les esprits. Un pédiatre renommé est monté au créneau la semaine dernière, pour critiquer avec sévérité l’état du système de santé russe. « Le principe de rentabilité a été imposé à la santé, et c’est l’horreur », a déclaré le Dr Léonid Rochal dans un journal d’opposition. La polémique enfle depuis plusieurs jours. Des agents du ministère de la Santé et Poutine lui-même lui ont rétorqué que la liberté d’expression n’autorisait pas de tels propos. Le Dr Rochal dirige un hôpital pédiatrique spécialisé en chirurgie orthopédique. Son légendaire franc-parler agace et séduit tout à la fois ses compatriotes.
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