L'Organisation mondiale de la santé (OMS) craignait que la pandémie de Covid ne double les décès liés au paludisme en 2020. « Le pire a été évité grâce à la mobilisation des pays, mais il y a urgence à redoubler d'effort », estime l'instance internationale dans un nouveau rapport sur les chiffres de 2020, publié ce 6 décembre.
En 2020, le nombre de cas de paludisme s'élève à 241 millions, celui des décès à 627 000. Soit une augmentation de 14 millions de cas et de 69 000 décès, par rapport à 2019. Parmi ces décès, les deux tiers (47 000) seraient directement liés à des perturbations, voire des ruptures, dans la prévention, le diagnostic et le traitement du paludisme provoquées par la pandémie de Covid-19.
Appel à la remobilisation
Les progrès dans la lutte contre le paludisme marquaient un coup d'arrêt avant même l'émergence du Covid, alors que la période 2000-2017 avait vu l'incidence chuter de 27 %, et le taux de mortalité de plus de 50 %.
Depuis 2015, 24 pays ont enregistré une hausse des décès liés au paludisme. Dans les 11 pays les plus touchés (tous africains, sauf l'Inde), les cas sont passés de 150 millions en 2015 à 163 millions en 2020, et les décès, de 390 000 à 444 600. L'Afrique subsaharienne est particulièrement sinistrée, concentrant 95 % des cas, et 96 % des décès en 2020. Près de 80 % des victimes sont des enfants de moins de cinq ans.
L'OMS n'entend pas pour autant sombrer dans le désespoir. « En dépit des restrictions et perturbations liées à la pandémie de Covid-19, les pays où le paludisme est endémique ont réussi à éviter le scénario du pire que beaucoup, y compris l'OMS, avaient annoncé. Et ça, c'est un message très positif », a souligné le docteur Pedro Alonso, directeur du programme paludisme à l'OMS.
Au total, entre 2000 et 2020, 23 pays ont réussi à aligner trois années consécutives sans aucun cas de paludisme local. Et en 2021, deux pays ont pu être déclarés libres du paludisme : la Chine et El Salvador, tandis que les demandes de reconnaissance de l'Azerbaïdjan et du Tadjikistan sont en cours d'examen. Par ailleurs, malgré le Covid, 72 % des moustiquaires imprégnées d'insecticides ont pu être distribuées dans les pays où le paludisme est endémique en 2020. Et 13 pays de l'Afrique subsaharienne ont réussi à livrer des médicaments préventifs à près de 12 millions d'enfants supplémentaires (par rapport à 2019), lors de la saison des pluies de 2020. Quant à la région du Grand Mékong, elle continue à voir son nombre de cas fléchir (82 000 en 2020, vs 100 000 en 2019).
Nouvelles approches nécessaires
Alors que les objectifs pour 2030 fixés en 2015 (notamment une réduction de 90 % des taux de mortalité et d'incidence) s'éloignent, l'OMS appelle à renforcer l'investissement national et international dans les soins de santé. Répondre aux besoins nécessiterait de tripler les fonds (de 2,9 milliards d'euros en 2020, à plus de 9 milliards), considère l'OMS.
L'agence mise aussi sur la diffusion du premier vaccin qu'elle recommande, le RTS, S/AS01 (Mosquirix) développé par le laboratoire GSK en partenariat avec l'ONG américaine Path. Le conseil d'administration de l'Alliance du vaccin (Gavi) a donné son feu vert la semaine dernière à un programme de vaccination des enfants contre le paludisme en Afrique subsaharienne et débloqué une première enveloppe de 155,7 millions de dollars, selon un communiqué de l'organisation. « Ce vaccin pourrait épargner entre 40 000 et 70 000 vies chaque année chez les enfants d’Afrique », selon le Dr Pedro Alonso.
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