KAF156, tel est le nom d'une nouvelle molécule prometteuse contre le paludisme, développée par le laboratoire Novartis, avec le soutien financier de la fondation Bill & Melinda Gates. Elle vient de montrer son efficacité en étude de phase 2 contre Plasmodium falciparum et Plasmodium vivax, les deux souches les plus meurtrières du parasite à l'origine de la maladie. Des résultats publiés ce 22 septembre par le « New England Journal of Medicine ».
Le KAF156 appartient à une nouvelle classe de molécules antipaludiques qui agissent aux stades sanguin et hépatique du cycle de vie du parasite. Il offre potentiellement une solution attendue aux problèmes de résistance à l'artémisinine, le principal traitement actuellement utilisé, qui émergent depuis 2008 en Asie du Sud-Est, notamment dans la région du Grand Mékong.
Sur 5 sites, en Thaïlande et au Vietnam
L'étude a été réalisée sur 5 sites au Vietnam et en Thaïlande, entre mars et août 2013. Elle a porté sur 43 adultes atteints de paludisme simple aigu, répartis en 2 cohortes, de 21 et 22 patients, recevant le traitement respectivement en 3 doses journalières de 400 mg et en une dose unique de 800 mg.
Les résultats montrent que l'élimination du parasite du flux sanguin intervient en moyenne en 45 heures pour le Plasmodium falciparum et en 24 heures pour le Plasmodium vivax au sein de la première cohorte. Cette durée est de 49 heures chez les patients qui ont reçu le produit en une dose unique. La plupart des volontaires ayant reçu des doses multiples (13 sur 21) et tous ceux qui ont reçu une dose unique ont manifesté au moins un effet secondaire, mais sans gravité.
L'une des cliniques dans lesquelles se déroulait l'essai a été touchée par une inondation à Mae Sot, en Thaïlande à la frontière de la Birmanie. « Il a fallu évacuer la clinique, puis remettre en place le générateur et les équipements », a confié Thierry Diagana, directeur de l'Institut Novartis pour les maladies tropicales, à l'AFP. Malgré les difficultés logistiques, les travaux sur place sont indispensables, a-t-il expliqué, notamment parce que les personnes vivant dans les zones touchées par la maladie ont souvent un niveau d'immunité plus élevé que les malades qui pourraient se prêter à des tests dans un centre de recherche conventionnel.
Un test à plus large échelle attendu
Les chercheurs prévoient désormais de tester cette molécule sur un échantillon plus large de patients, avec le soutien financier de la Fondation Bill & Melinda Gates. Au regard de ces premiers résultats KAF156 apparaît comme un bon candidat à la combinaison avec d'autres antipaludéens pour le traitement contre le parasite dans les zones de multirésistances.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 214 millions de cas de paludisme ont été recensés en 2015 au niveau mondial, le bilan des morts dues à cette maladie ayant été cette année-là de quelque 438 000. Les nourrissons, les enfants de moins de cinq ans et les personnes porteuses du VIH sont principalement touchés. Les efforts déployés pour lutter contre le paludisme ont toutefois permis de faire reculer l'incidence de 37 % entre 2000 et 2015 tandis que le taux de mortalité a baissé de 60 %.
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