Le vaccin antipaludique R21/Matrix-M à trois doses, développé par des scientifiques de l'Université d'Oxford, présente une efficacité d'environ 80 % contre la maladie un an après une dose de rappel, selon les résultats de la phase 1/2b publiés ce 7 septembre dans « The Lancet Infectious Diseases ».
L'efficacité est supérieure à celle du vaccin RTS,S du géant pharmaceutique britannique GSK, le premier à être recommandé pour une utilisation généralisée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et déjà administré à plus d'un million d'enfants en Afrique.
Un an après l'administration du schéma complet à trois doses en 2019, avant la saison du paludisme, le vaccin d'Oxford s'était déjà révélé efficace à 71 % avec une faible dose d'adjuvant (5 μg R21/25 μg Matrix-M) dans une cohorte d'enfants âgés de 5 à 17 mois à Nanoro, au Burkina Faso, et à 77 % avec une concentration plus élevée (5 μg R21/50 μg Matrix-M). Il répond ainsi à l'objectif fixé par l'OMS d'une efficacité de 75 % à un an. Ce qui n'est pas le cas du vaccin de GSK : l'efficacité serait de 68 % six mois après les trois premières doses, avant de diminuer rapidement ; 6 mois après la quatrième dose, l'efficacité ne serait que de 44 %.
409 enfants de 5 à 17 mois
Dans cette nouvelle étude, 409 enfants de 5 à 17 mois (issus de la même cohorte burkinabaise) ont reçu une dose de rappel entre juin et juillet 2020 (avant la saison des pluies). Ils ont été répartis de façon aléatoire dans trois groupes : deux ont reçu le R21 avec soit 25 μg soit 50 μg de l'adjuvant Matrix-M (qui est un ingrédient vaccinal breveté par Novavax et également utilisé dans le vaccin Covid de la biotech américaine), le troisième, le vaccin antirabique Rabivax-S en guise de témoin. À noter que chaque enfant a reçu le rappel correspond au sérum initial.
Après le rappel, l’efficacité vaccinale était de 71 % dans le groupe ayant reçu l’adjuvant à faible dose et de 80 % dans le groupe ayant reçu l’adjuvant à dose élevée.
Ainsi, 67 (51 %) des 132 enfants ayant reçu le R21 avec l’adjuvant à faible dose, 54 (39 %) des 137 enfants ayant reçu le R21 avec l’adjuvant à dose élevée et 121 (86 %) des 140 enfants ayant reçu le vaccin contre la rage ont développé un paludisme clinique à 12 mois.
Efficacité contre des épisodes multiples
Par ailleurs, l’efficacité du vaccin à dose élevée contre les épisodes multiples de paludisme était de 78 % ; 2 285 cas de paludisme ont été évités pour 1 000 enfants-années à risque parmi les enfants vaccinés au cours de la deuxième année de suivi.
Chez ces participants, 28 jours après leur dernière vaccination par le R21/Matrix-M, les titres d’anticorps anti-NANP spécifiques au paludisme étaient positivement corrélés à la protection contre le paludisme lors du premier suivi et de la deuxième année de suivi. « C'est fantastique de voir une efficacité aussi élevée après une dose de rappel unique », s'est réjoui l'un des auteurs de l'étude, Halidou Tinto, de l'Institut de recherche en santé du Burkina Faso IRSS. Le R21 a un profil d’innocuité satisfaisant et a été bien toléré.
Tournant dans la lutte contre le paludisme
L'essai sera poursuivi ces deux prochaines années, notamment pour savoir si une deuxième dose de rappel est nécessaire pour maintenir la protection. En parallèle, les résultats d'un essai de phase 3 impliquant 4 800 participants dans quatre pays d'Afrique de l'Est et de l'Ouest sont attendus prochainement.
« Nous pourrions envisager une réduction très substantielle de ce fardeau horrible qu'est le paludisme, une baisse des décès et des malades, certainement d'ici à 2030 », a déclaré Adrian Hill, spécialiste des vaccins à Oxford et co-auteur de l'étude. Selon lui, une diminution de 70 % des décès dus au paludisme pourrait être atteignable dans ce délai, en partie grâce au grand nombre de doses de vaccin qui pourraient être produites rapidement. Oxford s'est associé au plus grand fabricant de vaccins au monde, le Serum Institute of India, qui se dit capable de fabriquer 200 millions de doses par an à partir de 2023. Pour quelques dollars américains par dose, moins de la moitié des 9 dollars pour la version de GSK, selon Adrian Hill.
Le paludisme, maladie parasitaire transmise par les moustiques, a tué 627 000 personnes - principalement des enfants africains - au cours de la seule année 2020. Au Burkina Faso, il représente environ 22 % de l'ensemble des décès.
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