Chaque année surviennent en moyenne plus de 1 000 intoxications par des champignons dont environ 30 sont de gravité forte, et 3 conduisent au décès, rapporte le dernier « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (BEH) de Santé publique France. L'article est la première étude épidémiologique des intoxications, observées pendant plusieurs années consécutives, sur l'ensemble du territoire.
Entre 2010 et 2017, les centres antipoison (CAP) de métropole ont recensé 10 625 cas d'intoxication aux champignons. Plus de la moitié des cas (56 %) concernait deux ou plus de deux personnes au cours d'un même repas.
Les champignons provenaient majoritairement de la cueillette, mais 7,2 % avaient été achetés dans le commerce (chanterelles, bolets, cèpes, champignons de Paris, morilles, shiitakés). Ces intoxications surviennent en octobre, voire, dès août, en particulier à l'Ouest, dans le Sud, et à l'est de la France.
Des signes hépato-toxiques dans la majorité des intoxications
La quasi-totalité des personnes intoxiquées présentaient un ou plusieurs signes hépato-digestifs associés : des vomissements (66 %), une diarrhée (46 %), des douleurs abdominales (36 %), des nausées (26 %). Les deux tiers (64 %) des intoxications se traduisent même seulement par ces signes hépato-digestifs, ce qui pourrait conduire à une sous-représentation des cas les plus faibles, lit-on.
Une personne intoxiquée sur cinq présente des signes généraux (sueurs, fatigue) ; 13 % des signes neurologiques et/ou neuromusculaires (céphalées, vertiges), 4 % des problèmes cardio-vasculaires (hypotension artérielle, tachycardie). Environ 3 % des cas avaient présenté un ou plusieurs signes oculaires, psychiques, ou cutanés.
22 décès depuis 2010, par syndromes phalloïdiens et sudoriens
Sur les huit années de surveillance 239 cas de gravité ont été identifiés (de 11 cas en 2016 à 44 cas en 2010). La majorité (62 %) présente des syndromes phalloïdiens, 12 % un syndrome panthérinien, 10,5 % sudorien, 4 % orellanien, 3 % résinoïdien.
Quelque 22 décès ont été observés, de 0 à 5 par an, concernant 10 hommes et 12 femmes, de 38 à 88 ans. Ces décès sont liés à des syndromes phalloïdiens (68 %, 15 cas) ou sudoriens (32 %, 7 cas), ces derniers (considérés pourtant comme peu dangereux) étant observés chez des patients présentant des antécédents cardiovasculaires.
Les personnes décédées du premier groupe de syndrome avaient consommé une amanite phalloïde (l'une des espèces les plus dangereuses), alors qu'elles recherchaient des rosés des prés ou des coulemelles. Pour les 7 décès avec syndromes sudoriens, le champignon était un clitocybe dans 3 cas, un inocybe, dans 2 cas, et une espèce non identifiée dans 2 cas.
Prévention au niveau local
Sans qu’il soit toujours possible de confirmer l’espèce réellement consommée, les champignons le plus souvent incriminés correspondaient à des bolets (26,3 % des cas), puis à des agarics (7,7 %) ; dans environ 30 % des cas, l’espèce n’était pas précisée. Parmi les facteurs des intoxications, les auteurs citent la confusion d'une espèce comestible avec une espèce toxique, la consommation de champignons comestibles en mauvais état ou mal cuits (pour les morilles ou les shiitakés), une consommation trop importante (tricholome équestre), ou encore une sensibilité individuelle.
Depuis 2010, le nombre de cas d'intoxications ne diminue pas et semble lié aux conditions météorologiques, plus qu'aux mesures de communication. Si des recommandations nationales de cueillette et de consommation sont nécessaires, les auteurs préconisent surtout d'informer la population via les médias locaux, et de mettre à disposition une liste d'officines ou de sociétés de mycologie où pouvoir apporter sa cueillette pour la contrôler.
« Il est indispensable de faire identifier sa récolte par un spécialiste en cas de doute sur la comestibilité d'un champignon, mais également de la photographier avant sa cuisson », lit-on. Alors que l'âge des victimes varie de 9 mois à 96 ans (3,3 % ont moins de 5 ans), il est rappelé qu'il est déconseillé de donner des champignons à consommer aux plus jeunes enfants.
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie