Le 77e congrès du PS, qui se déroule à Poitiers de vendredi à dimanche, intervient à un moment charnière.
À deux ans de l’élection présidentielle, le parti au pouvoir, qui vient de renouveler sa confiance à son premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, s’apprête à définir les priorités de la fin de mandat de François Hollande. Et s’efforce de se mettre en ordre de bataille avant les prochaines échéances.
Si les différents courants du PS affichent de fortes divergences sur la politique économique, les moyens de relancer la croissance et l’emploi, le parti affiche un visage uni sur les grandes thématiques de santé.
Le tiers payant, totem de gauche
De fait, la gauche fait bloc (frondeurs inclus) derrière le projet de loi de Marisol Touraine, adopté à l’Assemblée nationale mi-avril, avec une large majorité. « Le projet de loi de santé est un rendez-vous majeur de la seconde partie de la législature », analyse la motion majoritaire de Jean-Christophe Cambadélis, soutenue par Manuel Valls, Martine Aubry et tous les caciques du parti. Les quatre motions que les militants ont départagées le 21 mai se déclarent favorables à la généralisation du tiers payant, au virage de la prévention et au renforcement de la démocratie sanitaire.
« Si Valls [qui interviendra samedi à midi] veut se faire applaudir par tous les militants socialistes, il parlera du tiers payant généralisé, c’est un message fédérateur et il aurait tort de s’en priver », décrypte le Dr Claude Pigement, ancien responsable national à la santé au PS. Le député médecin Gérard Bapt, grand spécialiste de la santé, partage la même analyse. « Le tiers payant, c’est devenu un totem, un marqueur de gauche très fort », confirme l’élu de Haute-Garonne. « Sur ce sujet, Touraine a pris des coups mais elle a tenu bon », confie un socialiste admiratif.
Les différentes motions représentées saluent le chemin parcouru depuis le début du quinquennat de François Hollande, notamment la volonté de réguler les dépassements (avenant 8) et de lutter contre la désertification médicale (pacte territoire-santé), même si l’aile gauche du parti voudrait aller plus loin, plus fort. Tous appellent à poursuivre le déploiement des maisons de santé. La nécessité de renforcer la prévention fait consensus (médecine scolaire notamment) de même que l’urgence de conforter le service public hospitalier, dans un contexte marqué par la forte contrainte budgétaire.
Liberté d’installation, question de dosage
Pilier de la médecine libérale, la liberté d’installation reste un sujet plus clivant au PS.
Fidèle à la ligne gouvernementale, la motion majoritaire défend les seules mesures incitatives « dans le cadre d’une démarche concertée avec les professionnels et les élus » (bourses, contrats de praticiens territoriaux de médecine générale). Les frondeurs ont une approche plus musclée. « La liberté d’installation n’est pas un tabou, clame la motion de Christian Paul. Il nous faudra discuter sereinement de régulation et de répartition des professionnels sur les territoires. » La motion (C) minoritaire portée par Florence Augier se hasarde : « Peut-être faut-il imposer aux médecins en début de carrière des affectations transitoires qui serviraient à payer en quelque sorte les frais que la nation a dépensé pour eux ? ».
Autre sujet poil à gratter : le reste à charge. Les listes de Christian Paul et Karine Berger se démarquent en réclamant respectivement la « suppression » et la « révision » des franchises médicales.
Sérénité
Pour les deux ans qui viennent, la mise en musique de la loi de santé est jugée prioritaire. Mais certaines voix socialistes jugent désormais urgent de calmer le jeu avec la profession et, surtout, de ne pas ouvrir de nouveaux fronts conflictuels avec le corps médical. « À deux ans des élections, nous devons retrouver de la sérénité même si l’approche des élections professionnelles chez les médecins libéraux ne facilite pas les choses », argumente Gérard Bapt. À l’hôpital également, certains s’inquiètent du durcissement actuel des positions sur le dossier des 35 heures. « Il faut réorganiser le temps de travail sans toucher aux 35 heures, le chemin est étroit », confie un socialiste qui s’inquiète du « marigot hospitalier ». Signe de la volonté d’apaisement avec la profession, une délégation d’internes et de chefs de clinique a été invitée à participer au congrès.
Pour le Dr Clément Lazarus, membre de la commission santé du PS (et signataire de la motion B), le congrès de Poitiers doit aussi permettre de préparer la grande conférence nationale de santé promise par le Premier ministre. Une façon de clore la séquence délicate de la loi de santé et de porter un nouveau message aux professionnels de santé...
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