Jusqu'à ce jour en 2016, 27 cas de poliomyélite, causés par la souche sauvage du virus, ont été recensés dans le monde, au Pakistan (15 contre 54 en 2015), en Afghanistan (8 contre 20 l'an passé) et au Nigeria (4 cas). Soit le plus faible niveau historique a indiqué ce 24 octobre, à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre la polio, l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Au cours de l'année 2015, 74 cas de polio ont été enregistrés.
Ce sont donc d'immenses progrès qui ont été accomplis depuis les 350 000 cas déplorés dans 125 pays en 1988, date du lancement de l'Initiative mondiale d'éradication de la polio (IMEP), portée par l'OMS, le Rotary International, les Centers for disease control and prevention (CDC) américains, l'UNICEF, et la fondation Bill et Melinda Gates. Ainsi, 15 millions de cas ont été évités, 1,5 million de décès d'enfants épargnés. Sans compter les bénéfices financiers (40 à 50 milliards de dollars économisés sur les 20 prochaines années, face à 8 milliards de dollars investis dans le programme). Mais les efforts ne doivent pas se relâcher. « Il faut rester concentrer sur l'objectif d'une réduction de 100 % », a exhorté André Doren, responsable des relations externes de l'IMEP, lors d'un colloque organisé par Sanofi Pasteur et le Rotary International à l'institut Pasteur ce 24 octobre.
Maillage local et surveillance active
En 2015, le nombre de cas a été divisé de moitié au Pakistan, a souligné le Dr Zubair Wadood, responsable du programme polio de l'OMS en Afghanistan et au Pakistan. « Les trois mois qui viennent sont très importants » pour atteindre l'éradication, a-t-il ajouté, en insistant sur le travail de terrain à mener auprès des populations : aller dans les zones tribales, solliciter les autorités locales, privilégier des femmes vaccinatrices, mieux acceptées, faire du porte à porte avec des représentants communautaires, privilégier l'hiver à l'été. « Des programmes de coordination existent entre le Pakistan et l'Afghanistan, pour synchroniser les campagnes de vaccination et partager l'information », indique le Dr Wadood, soulignant les difficultés soulevées par les mouvements de population aux frontières.
Et malgré un contexte politique délicat et une géographie tortueuse, une surveillance active, via des prélèvements dans les zones d'eaux stagnantes par exemple, a été mise en place. « Cela nous a permis d'identifier la présence du virus dans des échantillons environnementaux alors que certains cas n'étaient pas détectés, en raison de la densité démographique ou des difficultés à accéder à tous les enfants », précise le Dr Wadood, ajoutant que pour un cas confirmé, il y aurait environ 200 infections.
L'identification de 3 cas de polio au Nigeria (2 en août, le troisième ce 24 octobre), un « revers » alors que le pays espérait être certifié exempt de la maladie en 2017, illustre l'importance d'une surveillance active pour stopper les contaminations à bas bruit, estime André Doren. Ces cas, recensés dans l'État du Borno, région dévastée par Boko Haram, sont liés au même foyer, précise l'OMS. Le ministre de la Santé vient de relancer une campagne de vaccination, ciblant 50 millions d'enfants d'ici novembre.
Du vaccin oral à l'injectable inactivé
« Il faut maintenir la couverture vaccinale jusqu'à éradiquer les sérotypes 1 et 3 (l'OMS considérant depuis 2015 le sérotype 2 comme éradiqué, N.D.L.R.). Il faut vacciner tous les enfants qui passent entre les mailles, sinon le virus ressurgit », a insisté le Pr Kimberly M. Thompson, de la Harvard School of Public Health et à la tête du Kids Risk Project.
Et André Doren de confirmer, estimant qu'il faut immuniser jusqu'à 400 millions d'enfants dans de nombreux pays, et non seulement dans les trois pays où la polio est endémique.
L'OMS s'est engagée à arrêter le vaccin oral contre la polio (VPO) une fois les souches sauvages éradiquées, au profit du vaccin injectable inactivé (VPI). « Dans un cas sur 2 millions, le VPO peut créer la maladie. Mais, nous en avons besoin pour limiter la circulation du virus », a expliqué Francis Delpeyroux, virologue de l'Institut Pasteur, soulignant la protection immunitaire intestinale très solide qu'il procure. Les experts ont affiché une grande prudence quant à l'arrêt de la vaccination, même au-delà de l'éradication, indiquant que plusieurs conditions devaient être réunies (coordination entre pays, assurance que les souches sauvages ne circulent plus, hauts niveaux de couverture vaccinale, systèmes de surveillance et de recherche solides).
De son côté, Sanofi a fourni plus de 6 milliards de doses VPO à l'Unicef ces 10 dernières années et 1 milliard de doses de VPI. David Loew, vice-président exécutif, a indiqué que des réflexions étaient en cours pour éventuellement, construire une seconde usine pour répondre aux futurs besoins en termes de VPI, qui couvre toutes les valences et prévient les mutations, mais plus long à produire.
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