La ministre de la Santé Agnès Buzyn a reçu officiellement, lundi 18 septembre, des mains de Franck Chauvin, président du Haut conseil de la santé publique (HCSP), le rapport diagnostic de l'état de santé des Français, assorti de pistes de remèdes. « Des réflexions très précieuses pour éclairer nos travaux », a-t-elle commenté.
Comment vont les Français ? Le HCSP dresse un bilan contrasté. Côté positif : l'espérance de vie élevée (85,4 ans pour les femmes, 79,3 ans pour les hommes) et une évolution satisfaisante des indicateurs globaux. Revers de la médaille, les maladies chroniques tiennent une place grandissante et leur prise en charge n'est pas toujours pertinente.
Moins d'hospitalisations ponctuelles
Sous l'effet conjugué du vieillissement de la population mais aussi de la crise économique, la dépendance grandit. Surtout, la France reste un pays où les inégalités territoriales et sociales de santé sont marquées. Ce qui se traduit par de fortes disparités de mortalité prématurée et évitable, selon les groupes sociaux et les territoires – les zones ultramarines étant les plus mal logées.
Le HCSP identifie quatre problèmes majeurs de santé publique. Le premier concerne les risques sanitaires liés à l'exposition aux polluants (la pollution de l'air serait à l'origine de 48 000 décès anticipés annuels, impact du changement climatique) et aux toxiques (pesticides, perturbateurs endocriniens…). Le deuxième défi tient à la montée du risque infectieux, avec le développement de l'antibiorésistance (158 000 cas d'infections à bactéries multirésistantes en 2012, et 12 500 décès au bas mot), la persistance des maladies infectieuses mal contrôlées et l'apparition de maladies émergentes et réémergentes. Le troisième challenge consiste à faire face à l'explosion des maladies chroniques – à noter que le HCSP fait un sort particulier à la lutte contre les violences faites aux enfants. Dernier sujet, la modernisation de notre système de santé avec plusieurs objectifs : davantage de sécurité, moins d'hospitalisations ponctuelles et une répartition plus harmonieuse de l'offre de soins.
Virage préventif
Le HCSP invite les pouvoirs publics à placer la santé au cœur de toutes les politiques. « La santé n'est pas l'affaire du seul ministère de la Santé » reprend à son compte Agnès Buzyn. Le comité interministériel de la santé se réunira en décembre à Matignon avant l'officialisation de la stratégie de santé par décret.
Autre recommandation centrale du HCSP : le virage préventif. Il convient d'agir non plus (seulement) sur les spécialités ou les pathologies, mais sur les déterminants de santé – le rapport cite les facteurs comportementaux de risque (alimentation, alcool, tabagisme), environnementaux, sociaux, génétiques et liés au système de santé lui-même. Et propose de créer un fonds spécifique pour la promotion de la santé.
Pour sortir des incantations, le Haut conseil suggère d'intégrer l'objectif de réduction des inégalités sociales de santé dans le suivi des indicateurs, d'adopter une approche territorialisée et de mieux impliquer les usagers dans les arbitrages à l'heure où la méfiance à l'égard des décideurs et experts est de mise.
Les quatre axes prioritaires de la SNS – prévention, lutte contre inégalités, pertinence et qualité des soins, innovation – rejoignent ceux dessinés par le HCSP. Agnès Buzyn a aussi repris l'idée d'un programme de santé publique et d'une déclinaison de la stratégie nationale à travers les projets régionaux de santé.
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