DE NOTRE CORRESPONDANTE
« NOUS NE SOMMES PAS que des champions de foot à Marseille ! » Cette boutade lancée par le Pr Raoult a pris tout son sens la semaine dernière avec la présentation en grandes pompes à Marseille de l’Institut hospitalo-universitaire dans les maladies Infectieuses et tropicales. Le projet POLMIT fait partie des 6 IHU retenus parmi les 19 candidatures présentées dans le cadre des Investissements d’avenir et va recevoir une dotation exceptionnelle de 73 200 000 euros, la plus importante accordée à un IHU. « C’est la reconnaissance d’une école marseillaise dans le domaine des maladies infectieuses », confirme Jean-Paul Ségade, directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM), rappelant l’importance de cette discipline dans la cité phocéenne.
Tout au long de son histoire, Marseille, en effet, a toujours été concernée par les maladies infectieuses et confrontée à de grandes épidémies. Les maladies infectieuses sont, aujourd’hui encore, la première cause de mortalité dans le monde, avec plus de 17 millions de décès annuels. « Depuis dix ans, nous connaissons dix fois plus de microbes qui s’attaquent à l’homme. Nous ne savons plus lutter contre les contagions face aux multirésistances, nous sommes démunis sur le plan thérapeutique », commente Didier Raoult, porteur scientifique du projet.
Effet d’entraînement.
Le chercheur marseillais s’est vu remettre le grand prix INSERM en 2010. « Si l’on veut des pionniers, il faut ouvrir de nouveaux territoires, poursuit-il. En 1984, nous étions deux. Aujourd’hui nous sommes 240 chercheurs. »« Quand on rajoute des moyens dans un secteur qui marche, il y a un effet d’entraînement », estime-t-il. Son équipe a multiplié les découvertes et les publications, au nombre de 400 par an. Cette reconnaissance internationale a bien sûr pesé sur la création de l’IHU, avec l’objectif avoué d’« installer un pôle visible par tous et d’en faire un champion d’Europe par rapport aux autres pôles ».
Cet ambitieux projet, porté par l’Université de la Méditerranée et l’AP-HM, s’organise autour d’un nouveau bâtiment de 20 000 m2 qui doit voir le jour sur le site de la Timone à l’automne 2014. Deux plateformes, de 10 000 m2 chacune, doivent accueillir 90 lits d’hospitalisation, des salles de consultation et de vaccination, des laboratoires de recherche, qui réuniront des scientifiques français et étrangers, et un espace réservé à l’enseignement. POLMIT rassemble 14 partenaires institutionnels et 17 partenaires privés. Il intègre une collaboration avec les 3 CHU de la région, Montpellier, Nice et Nîmes. Il prévoit aussi, dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée, des échanges culturels et médicaux avec 8 CHU du pourtour méditerranéen. Et ce, à la grande satisfaction d’Yvon Berland, président de l’université, fortement impliqué dans cette dynamique. « Grâce à ce label, Marseille va bénéficier d’une notoriété exceptionnelle qui va nous permettre d’attirer de jeunes étudiants, de très bons chercheurs, confirme-t-il. C’est un projet créateur d’emplois puisque nous allons avoir besoin d’ingénieurs, de techniciens ; mais aussi producteur de dividendes. Qui dit recherche, dit innovation et donc brevets et licences. »
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