Près de 50 % des bronchopneumopathies chroniques obstructives BPCO sont diagnostiquées tardivement, lors d’une exacerbation.
« Certes la BPCO fait partie des programmes PRADO, mais il faut progresser et poser le diagnostic avant un épisode d’exacerbation. Les patients sont parfois dans le déni. Quand on leur demande s’ils sont essoufflés, ils répondent non. Posons leur les bonnes questions : pouvez-vous faire moins de choses à cause de votre souffle ? Êtes-vous plus essoufflé pour un même niveau d’exercice qu’avant ? » insiste le Dr Frédéric Le Guillou. Il faut savoir évoquer la BPCO et mesurer le souffle pour faire le diagnostic chez un fumeur qui tousse, expectore ou est fatigué. « Attention à la femme. Elle ne crache pas. Ses symptômes peuvent se limiter à une fatigue (équivalent de dyspnée) ou à un syndrome dépressif. Chez elle, il y a plus d’ostéoporose et de formes sévères », précise le pneumologue. Une fumeuse fatiguée et/ou déprimée, peut avoir une BPCO, même à 35 ans !
Ce repérage fait, les comorbidités associées (cardio-vasculaires, apnées du sommeil…) sont évaluées. La prise en charge doit être rapide : mesures anti-tabac, exercice physique, thérapeutiques adaptées. « L’exercice physique important pour tout public (30 mn de marche quotidienne) est dans la BPCO fondamental. Il rompt ici le cercle vicieux du déconditionnement (plus on est essoufflé, moins on fait d’activité physique et moins on en fait, plus on est essoufflé). Remettre le muscle en fonction crée un cercle vertueux. À défaut, la maladie respiratoire initiale devient une maladie générale avec atteinte inflammatoire et musculaire », avertit le Dr Le Guillou. La réhabilitation respiratoire peut se faire en centre de réhabilitation. Elle comprend l’exercice physique (réentraînement à l’effort), l’éducation thérapeutique, la prise en charge du sevrage tabagique, mais aussi nutritionnelle et psychosociale. « En ambulatoire, la prise en charge du réentrainement à l’effort pose en France un problème de visibilité et de structure (toujours pas de cotation de l’assurance maladie malgré l’avis très favorable de la HAS en 2007) », poursuit le spécialiste. Or un patient qui ne fait rien en sortant du centre perd ses acquis en 6 mois.
Les mesures antitabac
Professionnels de santé, associations de patients et politiques doivent agir pour faire reculer le tabagisme. Les mesures anti-tabac 2016 en cours sont un progrès : contre-marketing (paquet neutre), prise en charge du sevrage tabagique (forfait de 1 mois, majoré à 3 mois chez la femme enceinte)… « Il faudrait aller plus loin : rendre par exemple invisible le paquet de cigarettes et visibles les conséquences du tabagisme, augmenter fortement le prix du tabac, éduquer aux dangers du tabac de la primaire au lycée en impliquant les ministères de la Santé et de l’Éducation nationale ou encore valoriser le non-fumeur (leaders d’opinion sportifs, artistes chez les jeunes) », estime le Dr Le Guillou. Le tabac coûte 45 milliards d’euros par an à l’assurance maladie, mais… rapporte environ 18 milliards d’euros par an à l’État (taxes sur le tabac, retraites économisées par mort prématurée - non évitée - des tabagiques). « En 2015, Bercy a refusé d’augmenter le prix du tabac. L’industrie et les 26 000 buralistes collecteurs d’impôts ont un pouvoir de pression bien supérieur à celui des 79 000 familles endeuillées chaque année par le tabac. Verra-t-on enfin un jour le tabac déconnecté du ministère des Finances dépendre uniquement du ministère de la Santé ? » s’insurge le Dr Le Guillou. La BPCO n’est mentionnée ni dans la campagne anti-tabac, ni parmi les pathologies obstructives dans la nouvelle convention médicale (qui ne considère pas d’ailleurs la consultation anti-tabac comme complexe). Les pneumologues, déçus, s’interrogent.
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