ON N’EMPÊCHERA PAS beaucoup de nos concitoyens de penser qu’il eût été préférable de faire l’économie de ce débat franco-français, d’une originalité d’autant plus grande qu’aucun autre pays, à ce jour, ne s’est soucié de l’organiser. Le pouvoir n’échappe pas au soupçon électoraliste, pour lequel il paie déjà le prix alors qu’il en attendait sans doute des dividendes ; il a dû prendre acte des dérapages et des manifestations de racisme, surtout sur Internet ; et il y avait quelque chose de contradictoire et même d’incongru à tenter de parvenir à une définition de l’identité nationale qui, par nature, ne pouvait convenir qu’à un tout petit nombre, alors que le sujet même soulève des idées d’une diversité extrême. Enfin, en période de crise, le choix politique ainsi fait par les pouvoirs publics a davantage indigné ceux qui attendent des solutions sociales qu’il ne les a fait bifurquer vers une autre préoccupation.
Tyrannie de la minorité.
À la décharge du gouvernement, on conviendra qu’il est confronté, à propos de l’immigration en général et de l’immigration clandestine en particulier, à une forme de désobéissance civile orchestrée par de nombreuses associations qui s’appuient indûment sur l’histoire, opposent leur morale personnelle au réalisme de la gestion et font même un amalgame inacceptable entre le comportement des Justes pendant l’occupation et leur propre conduite d’aujourd’hui. Nous avons dénoncé cet amalgame à plusieurs reprises parce qu’il représente un raccourci qui ne fait aucun cas des différences énormes entre l’État français de Pétain et la Vè république, entre un pouvoir illégitime et un autre issu des urnes. Il existe désormais une tyrannie de la minorité qui tire sa vigueur de ce qu’elle est précisément minoritaire et son influence de l’illusion qu’elle a forcément raison. Les dirigeants socialistes eux-mêmes se laissent aller à cette autoabsolution quand ils affirment, comme Martine Aubry, que le débat sur l"identité nationale est « ignoble » et que personne, parmi les journalistes chargés de l’interroger, ne lui demandent d’expliciter sa pensée. Nous sommes tous entrés dans un mode de fonctionnement de la démocratie en vertu duquel la majorité n’a aucun droit parce qu’elle a tous les pouvoirs et la minorité a tous les droits parce qu’elle n’a pas de pouvoir.
LA MEILLEURE CHOSE À FAIRE, C’EST DE PROTÉGER LA LANGUE FRANçAISE CONTRE LES BARBARISMES ET LES ANGLICISMES
La vérité est que nous savons tous ce que cela signifie d’être français. Cependant un seul mot ou une seule phrase ne suffisent pas pour rendre compte de cette signification. Il ne faut pas non plus faire de l’identité nationale une spécifité tellement précise que sa définition ne s’appliquerait qu’en France. D’autres pays ont des villages avec leur école, leur clocher et leur parc. La laïcité n’est pas réservée à la France, même si son origine historique n’est pas la même ailleurs. Le métissage, revendiqué et accepté par Nicolas Sarkozy, est la chose la mieux partagée par toutes les nations. En outre, les peuples ne se soumettent pas servilement à leurs institutions : l’Italie est un pays extrêmement catholique, mais l’avortement et l’homosexualité y sont défendues avec la même vigueur que chez nous. La péninsule affronte vague sur vague d’immigration africaine et riposte avec des moyens, parfois par des règlements de comptes racistes, qui nous feraient horreur. Même M. Besson, qui vient de faire évacuer un gymnase à Calais en revendiquant son geste, est moins brutal que les autorités italiennes, mais peut-être parce que l’immigration clandestine est un phénomène plus grave en Italie qu’en France.
On ferait mieux...
Pas plus qu’il ne nous semble nécessaire d’apporter une définition immuable de l’identité nationale, qu’il nous suffit de vivre sans la décrire, il ne nous semble logique que l’expulsion d’Afghans entrés clandestinement en France soit la honte de ce gouvernement. On ne renvoie pas chez eux les citoyens d’un pays en guerre ? Mais la France ne fait-elle pas largement son devoir quand elle envoie ses soldats mourir en Afghanistan pour que, justement, les Afghans puissent espérer vivre heureux un jour sur leur territoire ? Ces jeunes gens qui fuient le chaos et qui aimeraient tant la France, nation démocratique, ne devraient-ils pas avoir pour objectif la démocratisation de l’Afghanistan au lieu de le fuir ? Et où est la vertu de la désobéissance civile quand une mère et son fils sont lourdement condamnés au Royaume-Uni pour avoir tenté d’y conduire 16 Vietnamiens dans une camionnette ?
On ferait mieux de définir l’identité nationale par la langue française, si mal parlée aujourd’hui. On a vite fait de dénoncer la barbarie du pouvoir, on ne s’oppose guère aux barbarismes que l’ignorance introduit dans le langage et qui finissent par s’imposer, même aux rédacteurs des dictionnaires. On ferait mieux de défendre l’identité nationale contre les anglicismes qui s’insinuent dans le français sous une forme incorrecte, car quand on ne connaît pas la grammaire d’une langue, on ignore encore plus celle des autres langues. On ferait mieux de faire bloc contre la burqa, et contre elle seulement, au lieu de se triturer les méninges pour concilier islam et république. On ferait mieux de dénoncer la dérive qui a amené le NPA d’Olivier Besancenot à présenter une candidate voilée aux régionales. Même les plus purs, les plus désintéressés, les plus ardents défenseurs des « valeurs » finissent par se mordre la queue.
LA MEILLEURE CHOSE À FAIRE, C’EST DE PROTÉGER LA LANGUE FRANçAISE CONTRE LES BARBARISMES ET LES ANGLICISMES
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