Jusqu’à présent, 23 États américains plus le District de Columbia ont légalisé le cannabis médical. « Au milieu des années 1990, 60 % des Américains soutenaient déjà l'utilisation médicale du cannabis, mais c'est seulement une fois la loi devenue effective qu'elle a changé la perception de qui sont les consommateurs, raconte au Ethan Nadelmann, vice président de l'alliance américaine sur les politiques publiques concernant les drogues. On s'est rendu compte qu'il s'agissait de vieilles femmes qui voulaient mieux supporter leur chimiothérapie, de patients atteints de sclérose en plaque, de malades du SIDA ou de jeunes épileptiques. »
Les évaluations de l'impact de l'autorisation du cannabis médical menées dans les États américains ayant sauté le pas « ont montré une absence d'augmentation importante des addictions au cannabis », explique Ethan Nadelmann. « Il est intéressant de noter que, alors que nous connaissons une épidémie d'overdoses d'héroïnes ou médicamenteuses, les États où l'accès au cannabis thérapeutique est facilité sont les seuls où l'on observe un déclin des overdoses. L'hypothèse la plus probable est que les gens remplacent les opioïdes par le cannabis pour traiter leurs douleurs », poursuit-il.
« Ce qui se passe dans les différents États ne se répercute pas forcément au niveau fédéral, prévient toutefois le Pr Didier Jayle, titulaire de la chaire d'addictologie du centre national des arts et métiers (CNAM). Barack Obama a seulement demandé à la justice de ne pas poursuivre les consommateurs. Dans les faits, les consommateurs payent en liquide car les banques ne veulent pas couvrir des achats qui pourraient se révéler être illicites. »
La Suisse, cahin cahan
En Suisse, le parlement fédéral a adopté, en 2008, une loi offrant la possibilité à l’office fédéral de la santé publique (OFSP) d'examiner, et éventuellement accepter, une demande argumentée d’un médecin intercédant pour un patient qui souhaite utiliser, de manière limitée, des médicaments à base de cannabis. Le nombre de demandes est passé de 171 en 2012 à 633 en 2014.
« La situation est un peu compliquée », reconnaît Frank Zobel, vice président de l'association « Addiction Suisse ». En effet, suite à une première étape de contraventionnalisation du cannabis, le débat national sur la légalisation et la régulation du marché s'est grippé bien que des projets des collectivités ont vu le jour visant à légaliser la consommation. « Environ 200 à 400 magasins de cannabis qui s'étaient installés de façon non régulée feront échouer les projets, de peur d'une réglementation qui leur aurait été défavorable », explique Frank Zobel.
En 2008, une initiative populaire avec le même objectif a été rejetée à 60 %. Plus récemment, le gouvernement fédéral a tenté une nouvelle approche avec un projet d'évaluation scientifique. « Le recrutement est en cours et portera sur 1 000 à 4 000 usagers problématiques ou qui ont un usage thérapeutique, détaille Frank Zobel, c'est une approche stratégique pour changer les choses progressivement. L'opposition l'a d'ailleurs bien compris, et a fait une proposition pour que ce soit des expérimentations purement médicales, et non pas avec une visée de santé publique. »
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