Pour la première fois, une étude publiée jeudi dans "The Lancet Oncology" dresse un tableau fidèle de l’offre de radiothérapie au sein de 33 pays européens (27 États de l’UE, Croatie, Macédoine, Turquie, Islande, Norvège et Suisse). En se penchant sur le registre des centres de radiothérapie (DIRAC) de l’Agence internationale de l’énergie atomique, l’équipe de chercheurs coordonnée par Eduardo Rosenblatt (AIEA) a comparé les besoins des pays en équipement de radiothérapie par rapport à l’offre existante en fonction du nombre d’habitants et de l’incidence du cancer dans ces 33 pays.
Les chercheurs constatent que plusieurs nations de l’Ouest du vieux continent ne sont a priori guère suffisamment pourvues en équipements de radiothérapie pour répondre convenablement aux besoins des patients cancéreux qui nécessitent ce type de soins. C’est notamment le cas de l’Italie (avec 16 % des besoins non satisfaits), du Portugal (19 %), de l’Autriche, de l’Allemagne (20 %) ou du Royaume-Uni (21 %).
1286 centres en activité dans 33 pays
La France se situant à un niveau médian (avec 8 % des besoins non satisfaits). À l’inverse, plusieurs pays du Nord de l’Europe répondent correctement à la demande de soins : la Finlande, la Suède, le Danemark devant la Belgique, la Norvège et les Pays-Bas. Selon les auteurs dont Philippe Autier épidémiologiste à l’IPRI (International Prevention Research Institute) de Lyon, ces grandes disparités en terme d’offre de radiothérapie peuvent être compensées par une meilleure organisation des services.
D’après l’étude, 1 286 centres de radiothérapie en activité étaient recensés dans ces 33 pays au mois de juillet 2012. Les pays disposant du plus gros nombre de centre demeurent l’Allemagne (289), la France (177), l’Italie (172), l’Espagne (117), la Turquie (95) et le Royaume-Uni (76). L’analyse du registre DIRAC met en évidence une fragmentation de l’offre de radiothérapie dans 28 des 33 pays étudiés.
Seuls quelques États comme la Suède, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le Danemark ou la Slovénie s’appuient sur une offre centralisée avec une moyenne de quatre à dix machines par centre (contre 1,8 en Allemagne, 2,4 en France, 2,3 en Italie ou 2,1 en Espagne).
3,2 millions de cancers diagnostiqués
« La fragmentation de l’offre dans les services de radiothérapie qui prévaut dans la plupart des pays européens est susceptible d’impacter le coût et la qualité des soins », considèrent les auteurs. Ces résultats ne permettent toutefois pas d’établir une quelconque corrélation entre le niveau d’équipement en machine de radiothérapie, l’organisation des soins et l’impact en matière de traitement des cancers.
D’autres enquêtes devront être menées pour savoir comment améliorer l’efficience des services de radiothérapie, soulignent les auteurs. Chaque année 3,2 millions de cancers sont diagnostiqués en Europe dont près de la moitié nécessite une radiothérapie à un moment de la prise en charge.
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