À l’Aide de la modélisation mathématique des performances sportives quantifiables, l’IRMES (Institut de recherche biolmédicale et d’épidémiologie du sport) a révélé les limites du Citius (toujours plus haut, plus vite, plus fort), la devise de Pierre de Coubertin, comme celle de toute performance sportive : les records ne peuvent continuer à progresser indéfiniment, car les performances physiologiques humaines ne s’accroissent pas de manière linéaire. Il reste l’argument technologique pour continuer à gagner des millisecondes et à décrocher de nouveaux records du monde (RM).
Membre de l’équipe du Pr Jean-François Toussaint (université Paris-V), le Dr Nour El Helou a mis en évidence dans deux disciplines ce phénomène de records battus grâce à la haute technologie, avec, pour nouveau Citius, « plus high-tech ». En cyclisme, observe-t-elle, les trainées aérodynamiques comptent pour 90 % des forces résistantes que doivent surmonter les coureurs lancés à grande vitesse. La technologie s’est donc focalisée sur la réduction de ces trainées, en perfectionnant des matériels de plus en plus aérodynamiques.
Quand on étudie l’histoire de la course du record de l’heure sur piste, épreuve où les coureurs doivent parcourir la plus grande distance possible en 60 minutes, on constate que la distance a été plus que doublée depuis 1876, année de la première compétition. En fait, ce record a bénéficié d’améliorations technologiques spectaculaires : il a été battu à six reprises entre 1993 et 1996 avec des vélos dotés d’innovations aérodynamiques pour réduire les forces de traînée. En modélisant et en comparant les performances, les chercheurs ont établi qu’à partir de 1967, environ 60 % de l’amélioration des performances était le résultat des progrès technologiques, seulement 40 % relevant de l’amélioration physiologique des coureurs.
Le phénomène n’a pas échappé à l’UCI (Union cycliste internationale) : la fédération a rectifié ses règlements pour interdire les vélos aérodynamqiues et exiger le retour des vélos similaires à celui d’Eddy Merckx en 1972. Du coup, tous les records établis entre 1972 et 2000 ont fait l’objet d’un déclassement.
Compressions anatomiques.
Mais c’est en natation que le nouveau Citius a été le mieux repéré, avec les combinaisons de 1ère, 2e et 3e générations. Le Dr El Helou rappelle que la vitesse maximale d’un nageur est déterminée par l’équilibre entre la propulsion générée par le nageur et par les forces résistantes de l’eau – forces de frottement, vagues et forces de pression. La plus importante de ces forces est la pression de résistance résultant de la différence entre la pression à l’avant et la pression à l’arrière du corps du nageur, une différence qui crée des flux turbulents tout le long du corps. De la forme, de la superficie et de l’orientation du corps par rapport au flux de l’eau va dépendre l’ampleur de cette résistance. D’où l’intérêt des combinaisons conçues dans un tissu très léger, flexible et résistant, avec des panneaux hydrophobes soudés aux ultrasons et moulés de façon à comprimer le corps et à limiter les surfaces de résistance. Les micro- et macroturbulences sont ainsi sensiblement réduites.
L’analyse de 6 790 performances des 10 meilleurs nageurs dans 34 épreuves, de 1990 à 2009, met en évidence trois pics de progression, en 2000, 2008 et 2009, trois années qui correspondent justement à l’introduction d’une combinaison de nouvelle génération. Dans les épreuves masculines, les gains moyens en 2000 ont été de + 0,74 % ; en 2008, avec une technologie mise au point par la NASA, qui incorpore des plaques de polyuréthane entraînant une forte réduction des frottements, les gains ont été en moyenne de 0,48 % ; en 2009, avec des combinaisons dérivées de la version précédente, presque intégralement en polyuréthane, le gain a été mesuré à0,55 %.
En 2008, aux jeux Olympiques de Pékin, 25 records du monde ont été battus par des nageurs qui portaient les combinaisons de 2e G ; de plus, cette année-là, les nageurs avec la combinaison ont gagné 94 % des médailles.
C’est la compression de certaines parties anatomiques (comme la poitrine ou les fessiers) qui semble avoir été le facteur-clé des progrès réalisés avec la réduction des forces de frottement et de turbulence.
Consciente de ce « biais », la FINA a décidé en janvier 2010 d’interdire les combinaisons, n’autorisant que le port du bermuda high-tech. Le résultat a été immédiat : fin 2010, la baisse des performances était de l’ordre de 1,8 % chez les hommes et de 1,4 % chez les femmes.
Avec des contrats de publicité et de sponsorisme aux énormes enjeux financiers, le recours à l’innovation technologique n’en est probablement qu’à ses débuts pour suppléer aux limites physiologiques et alimenter la logique des records. Dernier exemple en date de ce recours aux techniques de pointes : les golfeurs professionnels se soumettent de plus en plus souvent à la chirurgie oculaire au laser pour améliorer leur vision. La chirurgie réfractive remplace-t-elle simplement les lentilles de contact, ou procure-t-elle un avantage qui s’apparente au dopage ?
« Évolution des performances sportives : apport de l’épidémiologie pour l’analyse des performances sportives et des influences physiologiques, technologiques, génétiques et environnementales sur les professions humaines au cours de l’ère olympique ».
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