?De notre correspondante
17H. L’APRÈS-MIDI s’étire derrière les murs de l’UHSA. Ici quelques patients détenus déambulent dans le jardin thérapeutique, un patio intérieur clair et contemporain qui laisse apparaître la cime des arbres. Plus loin, un autre se détend dans la bibliothèque, un troisième dans la salle de télévision. Ici pas de chambre cellule, les déplacements sont libres, il est naturel d’interpeller un médecin dans un couloir pour lui poser une question ... mais toutes les parois sont vitrées, la transparence est indispensable pour favoriser une thérapie basée sur la socialisation en toute sécurité. « Favoriser le collectif, plutôt que le soin individuel, c’était notre parti pris dès le départ », explique le psychiatre Nicolas Job qui dirige l’unité. Depuis son ouverture le 17 janvier dernier, l’UHSA a enregistré 68 admissions et affiche un taux d’occupation de 100 %. Vingt patients sont soignés ici en permanence, pour une durée moyenne d’hospitalisation de trois semaines. « C’est un temps particulier dans la trajectoire de ces détenus, qui présentent une pathologie psychiatrique aiguë », décrit le médecin. Il raconte : « J’ai accompagné il y a quelque temps un patient qui n’avait pas vu un carré d’herbe depuis plusieurs années. Certains mettent plusieurs jours avant d’arriver à sortir de leur chambre. Nous sommes là pour les solliciter le plus possible. » En ce moment, les détenus soignés dans l’unité, sont tous des hommes majeurs, « mais nous soignons dans la mixité, des hommes, des femmes, des mineurs, comme en hôpital psychiatrique ; et ces populations qui ne se croisent jamais en prison se croisent ici normalement car les habitudes de vie reprennent », décrit aussi le psychiatre Gérard Laurencin, chef de service du service médico-psychologique régional qui est à l’origine de ce projet.
Huis clos pour les soignants.
Parmi les soignants, l’équipe de trente personnes, est pluridisciplinaire : infirmiers, aides-soignants, assistante sociale, cadre de santé, psychiatres, généraliste, psychologue, psychomotricien ... L’autonomie de chacun est réelle, mais la prise en charge des patients décrite comme très classique, proche d’une prise en charge institutionnelle. Elle comprend un temps d’accueil, une évaluation et un diagnostic, une prise en charge allopathique et psychothérapeutique individuellement puis surtout en groupe.
Néanmoins la géographie des lieux et le projet thérapeutique, impliquent un huis clos qui finit par peser aussi sur les soignants. « L’enfermement est parfois difficile à supporter, car aucun espace n’est véritablement dédié à l’équipe. La salle de repos microscopique, est ouverte sur les patients, ce qui change certains aspects du métier », décrit Françoise Audubert, la cadre de santé du service.
Depuis le début 4 personnels soignants ont quitté le service. Trop difficile. Plusieurs actions ont donc été mises en place pour favoriser l’esprit et la cohésion d’équipe. Notamment des séances de débriefing. « Nous les organisons dans la salle de psychomotricité, sur des tapis. C’est un vrai moment de respiration. Nous apprenons aussi à être plus attentifs les uns aux autres, à prendre soin de chacun de nous dans l’équipe et nous envisageons pourquoi pas de prendre du temps ensemble à l’extérieur », témoigne Nicolas Job.
Ouverture retardée faute de personnel.
Avec 40 lits au total, la capacité d’accueil de l’UHSA avait été arrêtée en fonction du nombre de places de détention dans les régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon (3 419 places pour un effectif moyen annuel de 4 151 personnes). « En l’état de l’offre d’incarcération, cela devrait suffire », évalue Michel Thiriet le directeur du centre hospitalier Gérard Marchant auquel est rattachée l’UHSA. Mais pour l’heure, seules 20 places ont été ouvertes, faute de personnel suffisant et l’ouverture de la deuxième partie du bâtiment, initialement prévue en juin, ne se fera qu’en septembre. « Nous comptons sur les sorties d’école en juillet prochain pour boucler les recrutements, car nous avons peu de candidatures internes pour rejoindre l’équipe », observent les psychiatres.
Un retard qui influence directement les temps d’attentes pour les admissions. Il faut actuellement patienter entre 8 et 10 jours pour être hospitalisé à l’UHSA, 95 % des hospitalisations sont programmées et la liste d’attente compte 15 personnes en moyenne. Une situation tendue, mais qui devrait évoluer rapidement.
D’un point de vue médical, le directeur de l’hôpital Gérard Marchant, se dit satisfait. « Ce projet a été long et difficile à mettre en place, mais nous sommes plutôt satisfaits de ce qu’il apporte en terme de qualité de prise en charge. D’ailleurs, 56 % des admissions se sont faites avec consentement », conclut Michel Thiriet.
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