1. Calmer le débat
Le sujet a tendance à provoquer des surréactions, d’un côté comme de l’autre. Avant tout, je considère qu’il est nécessaire de calmer le débat et de sortir d’une polémique où s’affronteraient, d’un côté, des néonazis et, de l’autre, des champions de la démocratie. Pour éviter d’envenimer les choses, je dirai que la proposition de Yazid Sebag de créer un outil de mesure pour mieux ajuster une politique anti-discrimination n’est pas une ineptie. Elle est défendable dans ses bonnes intentions. Mais je vois de bonnes raisons de ne pas la soutenir.
2. Le caractère ethnique est une notion extrêmement floue
La première objection porte sur le fait que la vision ethniste est floue et n’est pas objectivement cernée. Je prendrai deux exemples. Barack Obama : on dit qu’il est noir. Mais à partir de quelle proportion de sang est-on noir ? Dire que le président américain est noir, n’est-ce pas s’inscrire dans une détestable pensée raciste américaine selon laquelle, dès qu’on a une goutte de sang noir, on n’est pas blanc. Je me donnerai aussi en exemple ; certains vont dire que j’appartiens à l’ethnie juive française. Mais moi je le conteste. Et je suis même offusqué que l’on puisse me classer ainsi.
Le caractère ethniste repose sur des bases trop fragiles pour que l’on ne s’interroge pas sur l’usage qui en est fait, surtout quand on se rappelle les énormités qui en ont été faites dans l’histoire. J’en reste à la question posée par Jean Genet : un noir, c’est de quelle couleur ?
3. L’épidémiologie intègre le critère géographique et non le critère ethnique
L’idée qu’un certain nombre d’études épidémiologiques intégreraient le critère ethnique pour mieux étudier une pandémie me semble erronée. Si vous prenez le cas du VIH-sida, vous observez qu’il y a une sérologie géographique et non pas ethnique. Ou alors, diriez-vous que, de même qu’il y a une ethnie du patient, il y aurait une ethnie du virus ? Sur ces problématiques, je pense que les épidémiologistes eux-mêmes ne disposent pas forcément d’une vision claire et solide. L’argument scientifique ne tient pas.
4. Utiliser d’autres méthodes que le comptage ethnique
Que la politique de lutte contre les discriminations doive disposer d’outils de mesure pour apprécier sa progression, c’est l’évidence. Mais il y existe d’autres méthodes que le comptage ethnique, à commencer par l’étude, indépendamment de toute démarche de recensement, de la géographie urbaine. La ghettoïsation des quartiers joue un rôle déterminant dans les discriminations. On voit bien que l’ethnique et le social s’y recoupent. L’étude sociologique à plus à perdre qu’à gagner en utilisant les clichés ethnistes. C’est pourquoi, si on me propose de signer un manifeste d’opposition au projet de Yazid Sabeg, je le fais volontiers en tant que citoyen soucieux de participer au débat public. Mais je m’abstiendrai d’appeler à la rescousse les ONG et l’humanitaire en général. C’est un engagement personnel.
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