Toutes les sept secondes, survient un décès de mère ou de nourrisson qui aurait pu être évité si des soins appropriés avaient été administrés, met en lumière un nouveau rapport cosigné par les Nations unies, l'Organisation mondiale de la santé et l'Unicef, publié ce 9 mai. Chaque année ce sont 4,5 millions de femmes et de bébés qui meurent ainsi lors de la grossesse, de l'accouchement ou des premières semaines après la naissance.
Selon ce même rapport, les progrès en faveur de la périnatalité ont stagné ces huit dernières années. Depuis 2015, les décès maternels annuels s'établissent aux environs de 290 000, le nombre d'enfants mort-nés (après 28 semaines de grossesse, selon OMS), autour d'1,9 million, et les décès dans le premier mois de vie, autour de 2,3 millions. Sans changement de cap, plus de 60 pays n'atteindront pas les objectifs des Nations unies en termes de réduction de la mortalité maternelle, néonatale et mortinatalité d'ici à 2030. « Si nous voulons inverser la tendance, il faut assurer des investissements plus nombreux et plus intelligents dans les soins de santé primaires », alerte le Dr Anshu Banerjee, directeur à l'OMS.
Pauvreté, crises humanitaires, Covid…
L'augmentation de la pauvreté, l'intensification des crises humanitaires et la pandémie de Covid-19 pèsent lourdement sur les systèmes de soins primaires. Depuis 2018, plus des trois quarts de tous les pays d'Afrique subsaharienne touchés par un conflit rapportent une baisse du financement de la santé maternelle et néonatale. Seulement un pays sur 10 (sur plus de 100 enquêtés) déclare disposer de fonds suffisants pour mettre en œuvre ses plans actuels. Et encore un quart des pays signalent des perturbations dans le fonctionnement des services de santé après la crise du Covid.
Plus précisément, moins d'un tiers des pays déclarent disposer d'un nombre suffisant d'unités de soins néonataux pour prendre en charge les nourrissons les plus fragiles, alors que la prématurité est la première cause de tous les décès d'enfants de moins de cinq ans.
En termes de santé maternelle, moins de 60 % des femmes en Afrique subsaharienne et Asie centrale et méridionale, bénéficient ne serait-ce que de la moitié des huit contrôles prénataux. Et les deux tiers des centres d'accouchement en Afrique subsaharienne manquent de ressources essentielles (médicaments, eau, électricité, personnel).
En réaction, les agences appellent à améliorer l'accès aux soins de qualité, pendant et après l'accouchement, et à des services de planification médicale. Il faut aussi former des acteurs de santé, notamment des sages-femmes, et lutter contre les inégalités de genre (seulement 60 % des femmes prendraient leurs propres décisions relatives à leur santé sexuelle et reproductive).
Huit interventions d'efficacité reconnue contre la prématurité
Alors que l'OMS et l'Unicef publieront ce 10 mai une estimation du nombre d'enfants nés prématurément cette dernière décennie, la revue « The Lancet » présente en parallèle une série de quatre articles consacrés aux nouveau-nés petits et vulnérables (« small vulnerable newborns », SVN), une nouvelle entité qui regroupe les enfants nés prématurément, ceux nés avec un petit poids et ceux petits pour leur âge gestationnel.
En 2020, ils représentaient un tiers des nourrissons (35,3 des 135 millions de naissances vivantes) ; les prématurés au sens strict étaient 13,4 millions. Plus de la moitié (55,3 %) des 2,4 millions de décès néonataux en 2020 touchaient ces SVN.
Le constat du « Lancet » en matière de prématurité rejoint celui de l'OMS : les progrès stagnent et les objectifs de 2030 sont pour l'heure, hors de portée, notamment celui de réduire de 30 % le nombre de bébés nés avec un petit poids de naissance en 2030, par rapport à 2012. Le taux annuel de réduction n'est que de 0,59 %.
Selon l'un des articles, huit interventions faciles et peu coûteuses pourraient réduire de 5,2 millions le nombre de nourrissons vulnérables par année, et de 566 000 celui de la mortinatalité, dans plus de 80 pays à moyens et bas revenus. Il s'agit d'une supplémentation en micronutriments multiples, en protéines et en énergie, d'aspirine à faible dose, de l'administration de progestérone par voie vaginale, du traitement de la syphilis et des bactéries asymptomatiques, d'aide au sevrage tabagique et de la prévention du paludisme.
Les corticostéroïdes prénataux et le clampage retardé du cordon sont aussi recommandés pour réduire les complications de la prématurité (et éviteraient 476 000 décès néonataux dans les 81 pays). La mise en œuvre de ces mesures coûterait 1,1 milliard d'euros, d'ici à 2030, « une fraction de ce que les autres programmes de santé requièrent », comment le Pr Per Ashorn (Université Tampere, Finlande), auteur principal de la série.
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