Alors que des élevages de visons infectés par le SARS-CoV-2 ont conduit à l'abattage de 17 millions d'animaux au Danemark et de 1 000 en France (Eure-et-Loir) par mesure de précaution, que sait-on du rôle des animaux dans la transmission du virus ? Les Académies nationales de médecine et vétérinaire ainsi que l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) apportent des éléments de réponse.
Sur la base des données actuelles, l'ANSES confirme « qu’à ce jour les animaux domestiques et les animaux sauvages ne jouent aucun rôle épidémiologique dans le maintien et la propagation du SARS-CoV-2 en France, où la diffusion du virus est aujourd’hui le résultat d'une transmission interhumaine par voie respiratoire ».
Chats et visons : un risque de recontamination par contact d’animaux
Début novembre, le gouvernement danois avait suscité l'inquiétude en alertant sur des cas de transmission d'un variant du SARS-CoV-2 dénommé DFVI-spike des furets à l'homme. « Le faible nombre de cas humains rapportés et les données scientifiques accessibles à ce jour ne permettent pas de considérer ce variant comme une menace pour la santé publique », estiment cependant les Académies qui encouragent la poursuite des recherches sur ce variant et la surveillance de toute nouvelle mutation survenant dans la protéine S du SARS-CoV-2.
« La survenue de ces évènements de transmission depuis les visons infectés vers l’homme est vraisemblablement à relier au contexte de forte pression virale due à une densité élevée de la population animale au sein de ces élevages », souligne l'ANSES.
Chez les animaux domestiques, quelques cas d'infections mineures ont été rapportés chez des chats et des chiens contaminés par leurs propriétaires dans plusieurs pays dont la France. L'infection chez ces espèces et le furet a été également mise en évidence en laboratoire. Avec la « possibilité d’une recontamination par contact d’animaux témoins chez le chat et surtout chez le furet », rapportent les Académies.
Les animaux de laboratoire comme les hamsters dorés, les lapins, les macaques rhésus se sont également révélés sensibles à l'infection SARS-CoV-2, alors que les souris et rats y sont résistants. Les porcs et les volailles semblent y résister également, et les bovins très peu sensibles.
Pour l'ANSES, qui précise la distinction entre réceptivité - capacité d’une espèce à héberger le virus sans forcément développer de symptômes - et sensibilité - capacité d'une espèce à exprimer des signes cliniques et/ou des lésions dues au virus -, « si les lapins et les chiens sont réceptifs au SARS-CoV-2, leur sensibilité reste néanmoins à confirmer ». Concernant les bovins et les porcs, l'agence note que les études publiées montrent que ces animaux n’y sont pas sensibles, et estiment que « des études complémentaires s’avèrent nécessaires pour confirmer ou infirmer leur réceptivité au SARS-CoV-2 ».
Renforcer l'approche « Une seule santé »
Du côté des animaux sauvages, la souris sylvestre et les chauves-souris européennes (roussettes), infectées expérimentalement, apparaissent sensibles, tandis que des cas d'infection naturelle de félidés captifs (tigres, lions, pumas) et de chiens viverrins ont été rapportés. Ces derniers, « présents à l’état sauvage en Europe où ils sont considérés comme nuisibles, sont très sensibles au SARS-CoV-2 et pourraient être des hôtes intermédiaires potentiellement impliqués dans la propagation du Covid-19 », précisent les Académies.
L'ANSES précise qu'une réceptivité et une sensibilité au SARS-CoV-2 ont été établies pour les chats, les furets, les hamsters, les visons, les tigres, les lions et les pumas. De plus, pour les chats, les furets et les hamsters, la transmission intra-espèce (entre individus d’une même espèce) est avérée.
En cohérence avec les Académies, l'ANSES recommande la plus grande vigilance « pour ne pas constituer, à l’avenir, un réservoir animal favorable à la propagation du virus », en particulier lors des situations impliquant des contacts entre l'homme et les espèces réceptives (chats, visons…) et en cas de forte densité d’animaux. Les Académies de médecine et vétérinaire également à élargir la surveillance des animaux (domestiques ou sauvages), au-delà des visons, et à renforcer les mesures de biosécurité vis-à-vis des animaux.
Enfin, les Académies invitent à une meilleure coordination entre les secteurs de la santé animale, humaine et environnementale selon une approche « Une seule santé » pour faire face à la pandémie.
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