Sédentarité + inactivité physique = danger. L'Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) alerte les pouvoirs publics sur des risques élevés pour la santé chez les jeunes et les appelle à lutter contre la sédentarité et à promouvoir l'activité physique chez les adolescents, « un enjeu majeur de santé publique ».
La gravité de l'appel tient à ce qu'il se fonde sur une expertise menée chez les jeunes de 11 à 17 ans, à partir des données d'INCA 3, la troisième étude sur les consommations et les habitudes alimentaires de la population française, menée entre février 2014 et septembre 2015.
Le précédent avis de 2016 a défini des seuils sanitaires spécifiques pour les 6-17 ans. Il est ainsi établi que la sédentarité, c'est-à-dire le temps passé assis ou allongé devant un écran de loisir hors temps scolaire, peut constituer un risque pour la santé lorsqu'elle dure plus de 2 heures par jour. Elle est alors associée à des risques de surpoids et d’obésité chez les enfants, mais aussi à des troubles du comportement alimentaire ainsi qu’à une qualité du sommeil et de vie altérée. Quant à l'inactivité, le seuil est critique dès lors que l'activité physique est inférieure à 60 minutes par jour.
Dès 2016, l'ANSES insistait sur la nécessité de jouer sur les deux tableaux, l'augmentation de l'activité physique et la réduction du temps passé devant les écrans, pour obtenir des améliorations significatives sur la santé.
Deux tiers des 11-17 ans à risque élevé
Selon la récente expertise de l'ANSES, 66 % des jeunes de 11 à 17 ans présentent un risque sanitaire préoccupant, caractérisé par le dépassement simultané des deux seuils sanitaires (plus de 2 heures d'écran et moins de 60 minutes d’activité physique par jour). « Il est extrêmement rare qu’une évaluation des risques montre que les deux tiers de la population étudiée présentent un dépassement des seuils sanitaires, traduisant ainsi une exposition à un niveau de risque élevé pour la santé », insiste l'ANSES. Ces résultats sont d'autant plus inquiétants, note-t-on, qu'ils se fondent sur des données antérieures aux confinements de 2020 liés à la crise du coronavirus.
Près de la moitié (49 %) des jeunes présente un risque sanitaire très élevé, caractérisé par des seuils plus sévères (plus de 4 h 30 de temps écran journalier et/ou moins de 20 minutes d’activité physique par jour). Parmi ceux-là, 17 % sont même particulièrement exposés, cumulant des niveaux très élevés de sédentarité (plus de 4 h 30 d’écran par jour) et d’inactivité physique (moins de 20 minutes par jour).
L'ANSES repère aussi des différences selon l'âge, avec un niveau de sédentarité plus élevé chez les adolescents les plus âgés (15-17 ans) et le sexe, avec des filles de 11 à 14 ans moins nombreuses (15,5 %) que les garçons à pratiquer au moins 60 minutes d'activité physique par jour. L'expertise met aussi en évidence un gradient social, avec des niveaux de sédentarité plus élevé chez les jeunes issus des milieux les moins favorisés.
Renforcer la lutte du PNNS
Dans ses recommandations, l'ANSES propose de considérer l'insuffisance d'activité physique comme un facteur de risque à part entière (au même titre que les comportements sédentaires), alors que jusqu'à présent, l'activité physique est perçue comme bénéfique pour la santé, mais non essentielle.
Si le 4e Plan national nutrition santé (PNNS) prévoit bien de réduire de 20 % le surpoids et l'obésité chez les jeunes, l'agence demande des mesures renforcées pour lutter contre la sédentarité des adolescents, en particulier dans la tranche d'âge des 15 - 17 ans et des jeunes de milieu social défavorisé. L'objectif est de les sensibiliser à la question, eux les premiers concernés, mais aussi les parents et les personnels éducatifs. Des actions de promotion d'activité physique devraient s'adresser en particulier aux jeunes filles.
Enfin « l'agence rappelle que la réduction des risques liés à la sédentarité et à l’inactivité physique passe par la création d’un environnement global favorable à l’évolution des comportements, tant à l’échelle individuelle que collective : à la maison, à l’école, dans l’espace public à travers le développement des pistes cyclables », conclut l'ANSES.
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