Quelque 2,5 millions de personnes par an sont encore infectées par le VIH dans le monde, et le nombre de nouveaux cas est en augmentation dans 74 pays. Entre autres chiffres préoccupants, l'étude publiée ce mardi 19 juillet dans « The Lancet » fait écho à l'alarme donnée par les experts à Durban, l'occasion de la Conférence internationale sur le sida.
Cette nouvelle analyse, financée par la fondation Bill & Melinda Gates et les Instituts américains de la santé (NIH), donne « une image inquiétante de la lenteur des progrès » pour réduire l'épidémie, selon le Dr Haidong Wang de l'Institut de métrologie sanitaire et d'évaluation (IHME) à l'Université de Washington à Seattle, son principal auteur.
Le nombre annuel de nouvelles infections est resté relativement constant dans le monde ces dix dernières années, après une période de reflux rapide entre 1997 et 2005. Plus de 38 millions de personnes vivaient avec le VIH en 2015, un nombre en augmentation régulière. En l'an 2000, elles n'étaient que 28 millions. Après un pic de 1,8 million en 2005, les décès dus au sida ont baissé à 1,2 million en 2015, notamment grâce à l'intensification des traitements antirétroviraux (ARV) et à la prévention de la transmission du virus de la mère à l'enfant. L'utilisation des ARV a progressé rapidement : de 6,4 % en 2005 à 38,6 % en 2015 pour les hommes infectés, et de 3,3 % à 42,4 % pour les femmes sur la même période.
Une couverture thérapeutique trop inégale
Reste que cette couverture thérapeutique est très variable selon les régions et les pays. Une intensification des traitements est nécessaire, en particulier au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Europe de l'Est, souligne l'étude. En 2015, 1,8 million des nouvelles infections, soit les trois quarts, sont survenues en Afrique subsaharienne. L'Asie du Sud suit avec 212 500 nouveaux cas (8,5 %).
Plus généralement, entre 2005 et 2015, le taux de nouvelles infections par le VIH a augmenté dans 74 pays, notamment en Indonésie, aux Philippines, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ainsi qu'en Europe de l'Est, mais aussi dans certains pays d'Europe occidentale (Espagne et Grèce). En Europe, ce sont la Russie (57 340) et l'Ukraine (13 490) qui présentaient en 2015 le plus grand nombre de nouvelles infections.
Une situation qui pourrait s'aggraver avec celle des financements des programmes de lutte contre le VIH, s'inquiètent les spécialistes. La situation est d'autant plus préoccupante que pour la première fois en 20 ans, les financements des pays riches accusent une baisse notable qui met en péril les progrès. « Une augmentation massive des efforts des gouvernements et des organismes internationaux est requise pour atteindre les quelque 36 milliards de dollars (33 milliards d'euros) nécessaires chaque année pour réaliser l'objectif de mettre fin au sida d'ici 2030 », a alerté Christopher Murray, directeur de l'IHME.
En cause, les financements insuffisants et le prix prohibitif des médicaments
De leur côté, les associations ont marqué, dès la première journée de cette conférence mondiale, lundi 18 juillet, leur forte mobilisation pour « appeler la communauté internationale à intensifier sa lutte contre l'épidémie » et réclamer « des traitements de qualité pour tous et toutes ». Quelque 8 000 activistes et de personnes vivant avec le VIH ont ainsi participé à la grande « March for Health » organisée à Durban par Treatment Action Campaign, la plus importante association de personnes touchées en Afrique du Sud, précédant les discours d'ouverture de la conférence. Les 8 000 marcheurs ont dénoncé le décalage entre la promesse politique d'en finir avec l'épidémie de sida et la réalité : un accès aux traitements largement sous-financé et des systèmes de santé dans les pays du Sud proches du point de rupture.
« Aujourd'hui, en Afrique du Sud, 440 personnes mourront du sida. 440 personnes de plus demain et encore autant après-demain. Dix-huit personnes chaque heure, a déclaré Anele Yawa, secrétaire général de Treatment Action Campaign. Nos leaders politiques insistent sur les millions de personnes désormais sous traitement, mais nous devons rappeler la réalité : la majorité des personnes touchées n'y ont toujours pas accès, à cause de financements insuffisants et du prix prohibitif des médicaments. »
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