DANS « le Quotidien » du 20 juin 2011, des médecins grecs exprimaient leur ras-le-bol : prescriptions sous surveillance, activité opératoire en chute libre, baisse de leurs revenus, la dette grecque et le plan d’austérité imposé par le FMI et la Banque centrale européenne ont mis à mal le système de santé grec. « The Lancet », s’intéresse cette fois aux conséquences de la crise sur les gens ordinaires. Ce sont eux qui paient « le prix ultime : leur accès aux soins et à la prévention est en baisse, leur risque d’exposition au sida et aux maladies sexuellement transmissibles, en hausse, et dans le pire des cas, ils perdent leur vie », font observer le Dr David Stuckler, spécialiste de santé publique à l’Université de Cambridge (Royaume-Uni) et son équipe. Et ils mettent en garde : « Assurons-nous que la crise grecque ne mine pas la seule ressource qui reste pays : sa population ».
Le bilan qu’il dresse dans sa correspondance au « Lancet » est alarmant. Comparé à l’année 2007, période antérieure à la crise, « le nombre de personnes qui ont déclaré en 2009 ne pas avoir consulté de médecins ou ne s’être pas rendu chez le dentiste alors qu’elles pensaient devoir le faire, a augmenté de 15 % », soulignent les auteurs. La raison qui les pousse à ne pas consulter tient moins à leur propre capacité financière qu’aux difficultés liées à l’offre de soins. Le système de soins grec permet, en effet, de consulter gratuitement les médecins généralistes ou de consulter à l’hôpital pour un prix modique (entre 0 et 5 euros) mais il est en crise : budgets hospitaliers en baisse de 40 %, manque de personnel, pénurie de matériel, corruption.
Sida et toxicomanies.
La baisse de l’accès aux soins de ville et aux consultations externes des hôpitaux, s’est accompagnée d’une augmentation des hospitalisations, de 24 % entre 2009 et 2010, essentiellement dans le public (les admissions dans le privé ont chuté de 25 à 30 % en 2010).
Résultats : les indicateurs de santé se dégradent et les plus vulnérables trinquent. Le nombre de personnes déclarant être en « mauvaise » ou en « très mauvaise santé » a augmenté de 17 %. Le taux de suicide a augmenté de 17 % entre 2007 et 2009, de 25 % entre 2009 et 2010, selon des données non encore officielles. Le ministère grec de la Santé fait état, lui, d’une augmentation de 40 % dans les six premiers mois de 2011 par rapport à la même période de 2010.
À la fin de l’année 2010, le nombre de nouvelles infections par le VIH/sida a augmenté et les dernières données suggèrent que cette hausse se poursuit : + 52 % entre 2010 et 2011 (605 nouveaux cas contre 922), essentiellement chez les usagers de drogues injectables. Les coupes budgétaires ont affecté les programmes de réduction des risques alors que la consommation d’héroïne augmentait de 20 %. La hausse de la prostitution est aussi une des causes de l’augmentation des nouvelles infections par le VIH. Des cas d’infection volontaires ont même été rapportés chez des individus désireux de percevoir une allocation de 700 euros et un accès plus rapide aux programmes de substitution.
Autre signe inquiétant, les centres de soins des organisations non gouvernementales, comme Médecins du monde, accueillent de plus en plus des citoyens grecs – leur nombre a augmenté entre les deux périodes, de 3-4 % à 30 % – alors qu’ils prenaient surtout en charge des migrants.
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