La situation de François Fillon est complexe car son silence l’accuserait et ses explications au public ne pourront jamais être à hauteur de l’accusation médiatique portée fut-il innocent. Le moindre mot ambigu, le moindre détail imprécis ou oublié et la polémique repart.
Elle est complexe car la thématique est celle de la probité qui est l’une des fondations de l’image de l’homme : la cible est bonne. Elle est complexe car la défense face au public y est quasi impossible car peu compréhensible sans prise de distance, de hauteur et informations impartiales.
On juge des faits ou des comportements d’une période passée dans la culture et l’esprit d’aujourd’hui qui n’a pas les mêmes critères de jugement. On juge d’une situation professionnelle qui est mal connue du public et mal définie dans ses contours et contenu, pouvant toujours prêter de ce fait à suspicion tant dans la réalité, l’utilité du travail fourni que de sa rémunération. On juge en référence à des salaires (notamment SMIC) et non en référence au coût certes contestable mais habituel des prestations dans des domaines équivalents de service (conseil, enquête, rapport…). On juge d’un travail intriqué au cadre familial qui, du fait de la proximité permanente employeur-employé, modifie les modalités et apparences de ce travail dans sa réalisation, son organisation, sa formalisation des contacts employeurs-employés. Incompréhensible pour qui ne connaît pas cette situation. On juge sur le point de vue de l’argent public, notion très sensible à juste titre dans la population.
Antiparlementarisme primaire
Mais dans l’ambiance du « tous pourris » et d’un antiparlementarisme primaire, il n’y a plus de nuance dans l’analyse. On confond l’argent public mis à disposition d’un élu pour l’aider dans sa mission avec utilisation comme il l’entend du moment que cet argent sert bien à cela et les utilisations de l’argent public par création de postes ou embauche réservés aux « amis » ou proches dans un service public, une collectivité territoriale ou l’abus de pouvoir via, pour les proches ou « amis », des passe-droits au logement ou avantages divers. On juge sur des propos tenus il y a de nombreuses années sans voir que le contexte, le mode de communication de l’émetteur peuvent en donner un autre sens que celui qu’on pourrait légitimement lui prêter aujourd’hui ; les deux interprétations sont plausibles, mais on n’accorde pas le bénéfice du doute.
Qu’il faille revoir les pratiques et les rémunérations, qu’il faille reconnaître le légitime trouble du peuple, qu’il faille imposer plus de transparence : c’est indispensable. Mais la façon dont François Fillon et son affaire sont traités aujourd’hui est inquiétante dans ce que cela révèle de perte de repères de notre société.
Chacun d’entre nous, y compris innocent, peut être pris un jour, à son niveau, dans une tornade-lynchage médiatique ou des réseaux sociaux. Finie la présomption d’innocence, fini le bénéfice du doute quand deux interprétations contradictoires sont possibles. Place à l’accusé coupable tant qu’il n’a pas convaincu à 100 % du contraire, ce qui peut être parfois mission impossible, même innocent. Finie une opinion publique éclairée par une presse sur la complexité du problème pour avoir un jugement juste et pas qu’en droit.
D’emblée l’homme est coupable, c’est un fait acquis. À partir de là, tous azimuts on disserte, palabre, manipule, scénarise, commente l’élection présidentielle comme pour la ligue 1 de foot. Mais après le spectacle, nous nous retrouverons tous avec nos millions de chômeurs, pauvres, mal logés, notre protection sociale et système de santé qui vont dans le mur, nos inégalités sociales, le mal-être au travail des travailleurs et notre société de plus en plus fracturée à la limite de l’explosion sociale.
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