En l'état actuel des connaissances, il n'y a pas de lien entre le syndrome de choc toxique menstruel (SCT) et les matériaux utilisés dans la composition des protections hygiéniques, conclut l'Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES), à la lumière de nouveaux essais, complétant sa précédente analyse.
En juillet 2018, l'Agence constatait l'absence de dépassement des seuils sanitaires pour les substances chimiques détectées dans les tampons, serviettes hygiéniques, ou protège-slips, tout en recommandant leur élimination ou au moins leur réduction autant que possible, notamment pour celles qui sont des perturbateurs endocriniens suspectés. L'ANSES estimait déjà qu'aucun lien ne pouvait être établi entre le SCT et la composition des protections, et mettait plutôt en cause le port prolongé d'un tampon, d'une coupe, d'une serviette ou d'un protège-slip.
Dans ce nouvel avis, qui intègre des essais complémentaires sur les coupes menstruelles et les tampons, l'ANSES persiste et signe : « Nous n’avons pas mis en évidence de relation directe entre les propriétés physico-chimiques des matériaux de ces protections intimes et un risque d’augmentation du SCT », causé par la toxine TSST-1 produite par une bactérie, staphylocoque doré, lit-on.
20 cas de SCT par an
Le SCT est le principal risque documenté lié au port de protection hygiénique (et toutes sont concernées). Le développement d'un SCT menstruel est associé aux trois conditions suivantes : une colonisation vaginale par une souche de S. aureus productrice de la TSST-1 (soit 1 % à 4 % des femmes), le passage d’une quantité suffisante de TSST-1 à travers l’épithélium vaginal pour entraîner la pathologie et l’absence ou l’insuffisance d’anticorps anti-TSST-1.
Selon le Centre national de référence (CNR) des staphylocoques, 20 cas de SCT menstruels sont recensés chaque année depuis 2010 mais le phénomène pourrait être sous-estimé (la déclaration de ce syndrome n'étant pas obligatoire).
Sensibiliser les femmes aux bonnes pratiques d'hygiène
L'ANSES rappelle l'importance d'une meilleure information des femmes quant aux bonnes pratiques d'utilisation des protections intimes internes. Les professionnels de santé sont aussi invités à diffuser les pratiques d'hygiène dès les premières règles. Notamment ne pas porter la même protection au-delà des durées préconisées, préférer les protections externes la nuit, et se laver les mains avant et après la pose ou le retrait. Les médecins des services d'urgence et de réanimation sont incités à se former au diagnostic de SCT et à notifier les cas auprès du CNR des staphylocoques.
Au-delà du SCT, l'ANSES recommande la réalisation d'études sur les effets indésirables pour la santé à court et moyen termes des protections hygiéniques : manifestations d'irritation, d'intolérance, d'allergie, voire microtraumatismes rapportés par les femmes ou les gynécologues.
L'Agence réitère sa demande aux fabricants d'afficher la composition des produits et de supprimer les substances parfumantes, notamment le Lilial, qui présente des effets irritants et sensibilisants cutanés. Enfin, elle recommande l'élaboration d'un cadre réglementaire plus restrictif pour améliorer la composition de ces produits. Contrairement aux États-Unis, où les protections périodiques sont considérées comme des dispositifs médicaux, dans l'Union européenne, « il n'existe pas de réglementation spécifique encadrant la composition, la fabrication ou l'utilisation des produits de protection intime », considérés comme d'autres biens de consommation courante, regrette l'ANSES.
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