Le fait de garder pendant plus de 6 heures un même tampon accroît le risque de syndrome de choc toxique, selon une étude française menée par le Centre national de référence des staphylocoques. Cette étude parue dans « eClinicalMedicine » pointe également un manque d'éducation des jeunes femmes, en particulier de la part des professionnels de santé.
« En France, cette maladie n'est pas à déclaration obligatoire, mais nous estimons que le syndrome du choc toxique concerne une centaine de femmes tous les ans », indique au « Quotidien » le Pr Gérard Lina du Centre national de référence des staphylocoques (Lyon), co-auteur de l'étude.
Anticorps protecteurs
Le syndrome de choc toxique menstruel est causé par Staphylococcus aureus, une bactérie qui parfois produit une toxine appelée TSST-1. Cette maladie rare et aiguë survient chez des femmes jeunes présentant une colonisation vaginale par ces souches de staphylocoque doré et utilisant des tampons ou autres dispositifs intravaginaux. Les auteurs rapportent que 1 à 5 % des utilisatrices de tampons présentent une colonisation vaginale par Staphylococcus aureus, et qu'elles sont 10 % à ne pas produire d'anticorps protecteurs contre la toxine TSST-1. « Nous ne savons pas pourquoi certaines femmes développent ces anticorps et d'autres non. Mais, celles qui en sont protégées contre le syndrome du choc toxique », explique Gérard Lina.
Néanmoins, toutes les femmes n'ayant pas d'anticorps protecteurs et présentant une colonisation vaginale bactérienne ne vont pas nécessairement développer un choc toxique. Cette étude vise à comprendre quels sont les autres facteurs qui interviennent. Pour cela, 55 femmes ayant eu un syndrome de choc toxique entre janvier 2011 et décembre 2017 (âge médian de 17,9 ans) et 126 femmes sans antécédent (âge médian de 18 ans) ont été incluses dans l'étude. Toutes sont des utilisatrices de tampons et ont répondu à des questionnaires sur l'usage qu'elles en ont.
Éviter les utilisations de tampons la nuit
L'étude pointe un manque de connaissance de cette maladie : dans le groupe choc toxique, 24 % des femmes savaient qu'une mauvaise utilisation des tampons pouvait provoquer ce syndrome contre 41 % des femmes du groupe contrôle.
Les femmes ayant eu un choc toxique sont plus nombreuses à conserver un même tampon pendant plus de 6 heures par rapport aux autres femmes (62 contre 41 %), et aussi à garder un tampon pendant la nuit (77 contre 54 %). Le risque de choc toxique était deux fois plus élevé en cas d'utilisation de plus de 6 heures consécutives d'un tampon, et trois fois plus élevé en cas d'utilisation nocturne d'un tampon (supérieure à 8 heures) pendant le sommeil.
« Selon nos résultats, le surrisque de choc toxique survient dès une utilisation de plus de 6 heures et non pas à partir de 8 heures, comme on peut le lire dans les notices des tampons élaborées d'après les recommandations de la Food and Drug Administration, relève le Pr Lina. Nous recommandons aux femmes d'utiliser plutôt des serviettes ou des culottes menstruelles la nuit. Notre étude a porté sur l'usage du tampon, mais les messages sont les mêmes concernant la coupe menstruelle. »
L'information doit passer par les professionnels de santé
L'étude met aussi en évidence un déficit en termes d'éducation délivrée aux jeunes femmes concernant les protections périodiques. En effet, moins de la moitié des femmes ont été informées sur l'utilisation des tampons avant leur première utilisation (38 % dans le groupe choc toxique et 44 % dans le groupe contrôle).
Quel que soit le groupe, les mères et autres membres de la première famille représentaient la principale source d'information (pour 73 % du groupe choc toxique et 61 % du groupe contrôle), or l'information fournie par ce biais n'est pas toujours complète.
« Une information précise devrait être délivrée par les professionnels de santé, tels que les infirmiers scolaires, les médecins généralistes ou les gynécologues, ne serait-ce que par des fiches synthétiques de bon usage dans les salles d'attente », estime le Pr Lina. En pratique, très peu de femmes ont reçu une information de la part des professionnels de santé (13 % du groupe choc toxique et 10 % du groupe contrôle).
Ces observations vont dans le sens des avis de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) de 2018 et 2019.
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