Près de trois quarts des élèves et étudiants de plus de 15 ans déclarent avoir été exposés à la fumée de tabac des autres « à l'école, au lycée, à l'université ». C'est la « triste réalité » mise en lumière dans une étude du « BEH » sur le tabagisme passif dans les lieux de collectivité et de convivialité, selon le Pr Benoît Vallet, directeur général de la santé.
C'est l'un des constats les plus préoccupants issus du dernier numéro de ce « BEH » consacré au tabac à l'occasion de la journée Mondiale Sans Tabac. La seconde étude de Santé Publique France (ancien Institut national de veille sanitaire), qui est dédiée aux résultats préliminaires sur l'utilisation de la cigarette électronique dans la cohorte Constances, est beaucoup plus rassurante.
Malgré l'interdiction de fumer dans les lieux publics en France en 2007 et en 2008, l'étude Baromètre santé de 2014 révèle qu'il reste encore du chemin à faire. Les efforts réalisés pour réduire le tabagisme passif dans les lieux publics ces dernières années doivent se poursuivre et s'inscrire dans la durée car ces mesures restrictives ont été plutôt bien acceptées et respectées au début, comme l'ont montré trois vagues d'enquête successives (fin 2006-début 2007, fin 2008 et fin 2012).
Les lieux d'enseignement à cibler
Pour le Pr Benoît Vallet, les résultats chez les élèves et étudiants « montrent sans ambiguïté que la lutte contre la débanalisation du tabac dans les lieux d'enseignement doit être une priorité des années à venir ». Et ce, même si l'interprétation doit rester prudente car « les expositions aux abords des établissements ont été probablement en partie comptabilisées », notent les auteurs.
Un infléchissement dans l'application de la loi anti-tabac est noté de façon plus large. Les chiffres d'exposition à la fumée dans les lieux publics sont à la hausse par rapport à fin 2012. Parmi les 15-75 ans, 30 % ont déclaré au cours des 30 derniers jours avoir été exposés à la fumée dans des cafés, bars, pubs et 40 % dans des discothèques.
Le vapotage très peu prisé des non-fumeurs
Un autre résultat est marquant, les ouvriers sont 4 fois plus exposés que les cadres au tabagisme passif, respectivement 7,2 % et 28,2 %. Pour le directeur général de la santé, c'est une « une nouvelle illustration des gradients sociaux dans la question du tabagisme, dont la prise en compte au sein des entreprises apparaît comme une nécessité ». Santé Publique France rappelle que « le tabagisme passif augmente notamment de 27 % le risque de cardiopathie ischémique et d'environ 25 % celui de cancer du poumon chez les non-fumeurs ».
Le second volet du numéro du BEH donne plus matière à satisfaction. Les résultats préliminaires de l'étude Constances sur l'utilisation de l’e-cigarette sont rassurants. À l'heure actuelle, « la question de la place des dispositifs de vapotage chez les fumeurs est un enjeu d'importance sur lequel la littérature scientifique ne permet pas encore de conclure », a rappelé le Pr Vallet.
L'étude Constances montre un usage limité aux fumeurs ou ex-fumeurs. Les non fumeurs sont très rares parmi les usagers et aucun n'est devenu fumeur à un an d'évolution. L'usage mixte tabac et e-cigarette reste faible (2 %) et semble plus important parmi les employés et les ouvriers. Les consommateurs mixtes présentent la plus faible proportion de gens se jugeant en Très bon/Bon état de santé et la fréquence de dépressivité la plus élevée.
« Si la Haute Autorité de santé (HAS) ne recommande pas l'utilisation (de l’e-cigarette) pour le sevrage tabagique », a poursuivi le directeur général de la santé, Santé Publique France considère que ces dispositifs « peuvent être envisagés comme une aide pour arrêter ou réduire la consommation de tabac par les fumeurs », dans l'actualisation de son dernier avis de mai 2016. Un suivi de longue durée de la cohorte Constances est d'ores et déjà prévu, notamment afin de s'assurer que la cigarette électronique n'est pas une porte d'entrée vers le tabagisme.
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