LE QUOTIDIEN - Quel est le cursus des études médicales en Russie ?
TATIANA GOLIKOVA - La formation médicale de base dure sept ans. Cela peut aller jusqu’à dix ans pour ceux qui font un internat et se spécialisent. La nouvelle loi adoptée par la Douma apporte des corrections au niveau de la formation initiale des médecins car nous voulons renforcer considérablement la part de spécialistes de haut niveau dans les hôpitaux.
La Russie, très hospitalo-centrée, veut développer ses soins primaires. Quel est le besoin en médecins généralistes ?
Nous avons un grand pays, cela dépend vraiment des régions. Nous allons former davantage de médecins généralistes, de chirurgiens et d’anesthésistes-réanimateurs, car nous voulons développer les soins primaires et spécialisés. La Russie, qui regroupe 600 000 médecins et 3,5 millions de professionnels de santé, a de grands déserts médicaux. En Union Soviétique, la répartition des médecins sur le territoire était très stricte. À l’issue de l’école de médecine, les spécialistes étaient affectés à un établissement, et étaient obligés d’y travailler un certain temps. Dans la Russie moderne, nous ne sommes pas aussi durs que cela avec nos médecins. Nous essayons de démocratiser ce processus de répartition, tout en développant les soins primaires, par le biais, par exemple, de contrats entre la région, les autorités municipales, le médecin, et son employeur. Ainsi, les jeunes spécialistes qui viennent travailler dans les régions isolées sont mieux payés.
Le gouvernement vient de revaloriser le salaire de base de l’ensemble du corps médical. Est-ce assez pour lutter contre les dessous-de-table ?
Mon avis, c’est que le salaire n’est pas suffisant dans le domaine des soins primaires : à peu près
22 000 roubles* par mois (530 euros). Mais cela dépend des régions ; certaines disposent de plus de moyens. Dans les établissements de santé publics clés, le salaire peut atteindre 200 000 roubles et plus
(4 830 euros). La loi que vient de voter la Douma rend les médecins responsables en cas de paiement informel. Le dispositif prévoit un arsenal de mesures, y compris des sanctions, mais c’est un sujet bien difficile en Russie, car certains paiements informels ne peuvent être assimilés à de la corruption. Les patients russes ont l’habitude, d’eux-mêmes, de faire un cadeau à leur médecin.
* Les médecins rencontrés par le Quotidien disent gagner bien moins, y compris à Moscou.
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