Les accidents de la vie courante (AcVC*) ne fléchissent pas. Près de 5 % (4,8 %) des personnes de tous âges ont eu un accident de la vie courante en 2012 au cours des trois derniers mois, révèle l'Enquête santé et protection sociale (ESPS), dont les résultats sont publiés dans « le bulletin épidémiologique hebdomadaire » du 19 décembre.
Sur une année, le taux d'incidence s'élève à 17,8 % ; ce sont donc 11,3 millions de Français qui ont été accidentés, dont la moitié (5,5 millions) a dû recourir à un professionnel de santé. Les auteurs Louis-Marie Paget et Bertrand Thélot, de Santé publique France, soulignent la stabilité de ces chiffres, depuis les précédentes enquêtes santé et protection sociale de 2004 et 2002. Selon la littérature, 21 000 personnes décèdent chaque année des suites d'un accident de la vie courante, ce qui en fait un enjeu de santé publique.
L'ESPS 2012 a porté sur un échantillon de 16 410 personnes, 7 957 hommes et 8 453 femmes, d'un âge médian de 40 ans.
Les âges les plus concernés sont les moins de 15 ans (qui concentrent 20,9 % des accidents) et les plus de 65 ans (20,7 %). Le sexe joue peu dans les différences d'incidence, sauf chez les 15-24 ans, où les garçons sont significativement plus accidentés que les jeunes filles.
Les accidents domestiques sont les plus nombreux (50,7 % des AcVC), devant les accidents liés à la pratique de sport ou de loisirs (26,5 %).
Près de la moitié des accidentés se retrouvent à l'hôpital (48,9 %), les membres inférieurs blessés (38,8 % des AcVC), et /ou souffrant d'entorses et de luxations (30,5 %). La majorité (près de 82 %) se déclare limitée dans les 48 heures suivant l'accident, 34,2 % se disent sévèrement limités.
Goût du risque, jeunesse, sport intense ou mauvaise santé mentale, en cause
L'ESPS 2012 met en lumière plusieurs facteurs associés aux accidents chez les plus de 15 ans, qui touchent à différentes dimensions : caractéristiques sociodémographiques, santé, comportement, etc.
L'attrait pour le risque et un niveau d'étude supérieur au baccalauréat sont liés à un risque plus important d'AcVC, ce qui peut s'expliquer, selon les auteurs, par une pratique plus fréquente d'activités récréatives à risque chez les plus favorisés.
Un état de santé médiocre, en particulier de santé mentale (dépression), se retrouve aussi à l'origine d'un risque plus important d'AcVC, notamment d'accidents graves et limitants, pour lesquels on retrouve une association avec le fait de vivre seul. Cela rejoint les conclusions de précédentes études, qui identifient la dépression comme un facteur de risque de traumatismes non intentionnels (liés aux effets des psychotropes, ou aux comportements impulsifs) ou montrent un gradient social net pour les traumatismes mortels. Parmi les hypothèses explicatives : le moindre accès aux soins chez les plus défavorisés en cas de traumatisme mineur.
Plus spécifiques aux accidents de sports et de loisirs, on retrouve comme facteurs de risque le fait d'être un homme, le goût du risque, avoir entre 15 et 44 ans et une pratique régulière du sport.
En conclusion, les auteurs appellent à améliorer la prévention primaire, notamment pour les groupes les plus à risque, afin de réduire l'incidence des AcVC.
* Les AcVC sont des traumatismes non intentionnels qui ne sont ni des accidents de la circulation routière, ni des accidents du travail.
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