La Société française de dermatologie (SFD) publie ce mardi de nouvelles recommandations concernant le traitement de l’acné, labellisées par la Haute autorité de santé (HAS).
Elles viennent actualiser les recommandations de 2007 et font suite aux nombreuses alertes sanitaires de ces dernières années – concernant les risques thromboemboliques associés à la pilule de 3e génération Diane 35, les risques psychiatriques associés à l’isotrétinoïne, la restriction de la prescription d’antibiotiques – « qui ont fini par rendre difficile de savoir quels traitements privilégier et dans quels cas », a fait remarquer le Dr Laurence Le Cleach, dermatologue à l’hôpital Henri-Mondor, au cours d’une conférence de presse organisée pour l’événement.
Un traitement selon le grade de sévérité
Le groupe de travail, composé de dermatologues et d’un médecin généraliste, a opté pour des recommandations sous forme d’un algorithme « simple et rapide à utiliser pour les praticiens ». Sur le site reco.sfdermato.org, les médecins peuvent trouver des images illustrant les différents grades de sévérité de l’acné, avec les recommandations associées.
Le Pr Bernard Guillot, dermatologue au CHU de Montpellier, a exposé les grandes lignes des nouvelles recommandations.
Pour une acné légère à moyenne, les traitements locaux à base de peroxyde de benzoyle et de rétinoïdes sont à privilégier. Le peroxyde de benzoyle peut être prescrit pendant toute la durée de la grossesse et durant l’allaitement.
Au vu de leur efficacité modeste et du risque de résistances, la place des antibiotiques locaux s’est nettement réduite. Un antibiotique oral (doxycycline ou lymécycline) peut être prescrit pendant une durée de 3 mois pour une acné moyenne, ou en cas d’échec des traitements topiques dans une acné légère. La minocycline a pour sa part été retirée de l’arsenal thérapeutique, à cause d’effets indésirables importants.
Isotrétinoïne : des mesures à suivre à la lettre
L’isotrétinoïne est réservée pour les grades d’acné sévères et très sévères avec un risque cicatriciel important, ou en cas d’échec à 3 mois des traitements locaux pour une acné moyenne. Depuis le mois de mai, la primoprescription est restreinte aux seuls dermatologues, le renouvellement pouvant être effectué par le médecin généraliste. Le Pr Guillot a fait remarquer que malgré les recommandations déconseillant l’isotrétinoïne chez les femmes enceintes, « il existe encore des grossesses sous isotrétinoïne ; et il faut fixer un objectif zéro. » Ce dernier a rappelé qu’un test de grossesse négatif doit impérativement être fourni avant chaque prescription, et être renouvelé chaque mois pendant le traitement et 5 semaines après la fin du protocole.
Enfin, il a noté qu’une augmentation du risque dépressif n’a pas été observée dans les études sur de grandes cohortes, mais que les praticiens doivent informer leurs patients du risque et se renseigner sur leurs antécédents personnels et familiaux.
Moins recourir aux contraceptifs
Enfin, concernant l’utilisation des contraceptifs oraux, au vu des données sur le risque thromboembolique lié aux associations œstroprogestatives, le Pr Guillot souligne qu’une pilule ne peut être prescrite pour traiter l’acné à une femme qui n’a pas besoin de contraception.
Si la patiente nécessite un contraceptif qui peut également agir sur son acné, le lévonorgestrel est recommandé en première intention, le norgestimate en deuxième intention. Les antiacnéiques de type Diane 35 ne peuvent être envisagés qu’en dernière intention si l’acné persiste malgré un traitement dermatologique bien conduit.
Collaboration gouvernement – professionnels
Ces recommandations sont le premier travail du Centre de preuves de dermatologie mis en place l’année dernière, dans lequel la HAS s’associe à trois instances de dermatologie : la SFD, le Collège des enseignants (CEDEF), et la Fédération de formation continue en dermatologie-vénérologie (FFFCEDV). L’objectif de cette collaboration est d’actualiser les recommandations plus régulièrement.
« Il s’agit d’actualiser les recommandations tous les 5 à 6 mois plutôt que tous les 5 à 10 ans », précise le Dr Cleach. La labellisation HAS permet pour sa part de valider la méthodologie utilisée, et d’assurer la fiabilité et l’absence de conflits d’intérêts dans la mise en œuvre des recommandations.
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