BIEN QUE L’ÉCOUTE et le dialogue soit toujours privilégiés par les équipes médicales, ces dernières sont trop souvent confrontées à des problèmes d’agressions et de violence de la part de tiers (patients, visiteurs…). Le recours à quelques techniques pour se protéger et neutraliser les personnes violentes sont alors nécessaires (parades, clés de bras…), mais pas toujours suffisantes.
Alors qu’aucun équipement adéquat n’était à sa disposition, Gérard Seringe, fort de son expérience de soignant et de sa connaissance des techniques pour neutraliser les personnes, a inventé un dispositif pour protéger les hospitaliers et maîtriser leurs agresseurs, tout en préservant leur intégrité physique. « Je me suis renseigné : le seul équipement proposé pour se protéger de personnes violentes était une sorte de fourche, un matériel utilisé par le GIGN pour tenir à distance ou plaquer l’agresseur contre un mur. Encombrante et d’apparence agressive, elle était inadapté au milieu hospitalier. »
Écriture du projet et du cahier des charges fonctionnel, dépôt de brevet à l’INPI (Institut national de la propriété industrielle), recherche de matériaux adaptés, appel d’offre pour trouver un fabricant, choix d’un partenaire pour la commercialisation, tests… Il lui aura fallu sept ans de collaboration avec les équipes biomédicales, juridiques, et la direction générale du CHU pour que naisse ce nouveau système.
Des fibres d’aramide.
« C’est forcément complexe, précise Gérard Seringe. Un couteau est plus difficile à arrêter qu’une balle : la balle s’écrase sur un gilet blindé, un couteau, une aiguille ou un trocart peuvent le percer. Il nous a fallu effectuer plusieurs essais avant de choisir des fibres d’aramide (même famille de matériaux que le Kevlar) : un matériau plus coûteux que d’autres mais très résistant, et plus léger. » Réunies dans une housse sur laquelle sont fixés des poignets, ces plaques protègent ses utilisateurs du tibia au visage. « Il doit être utilisé par deux agents en même temps, car, au-delà de sa fonction de protection, il permet d’immobiliser la personne agressive en l’entourant avec le bouclier. »
Les poignées permettent ensuite de porter la personne ainsi maîtrisée jusqu’à un brancard pour lui porter les soins nécessaires, au besoin après lui avoir administré un sédatif.
Une courte formation permet d’acquérir les gestes justes pour manipuler ce nouvel équipement. Au CHU de Limoges, elle est dispensée lors des formations contre les violences à l’hôpital, les premières à avoir été mises en place en France, en 1995.
Breveté par le CHU de Limoges en décembre 2007, fabriqué par la société Airgoal (Souillac), commercialisé (1 590 euros HT) par le laboratoire Adhésia (Alsace) depuis l’été dernier, ce bouclier rencontre déjà un certain succès, en particulier auprès des établissements psychiatriques. Un usage en milieu hospitalier qui pourrait bientôt s’élargir. « Nous réfléchissons à sa distribution via des centrales d’achat auprès de nouveaux secteurs (pompiers, police). »
Jamais à cours d’idées, son inventeur continue de mettre sa créativité et sa connaissance au service du secteur hospitalier, mais travail a présent sur des solutions pour protéger les personnes âgées hospitalisées …des escarres.
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