Comment surmonter les obstacles et identifier les critères de réussite d’une mise en place rapide de la pratique de l’éducation thérapeutique du patient (ETP) au sein du système de santé ? C’est en substance le questionnement qui a été mis en débat le 15 janvier à l’Académie nationale de médecine lors d’un colloque consacré à ce thème émergent au sein du monde sanitaire.
Pour le Pr Claude Jaffiol, président du groupe de travail qui a rendu son rapport à cette occasion, « l’ETP est un facteur clé de la mutation de notre système de santé ».
Face à l’augmentation des maladies chroniques qui concernent désormais près de 10 millions de Français et qui pèsent sur le régime général à hauteur de 65,2 milliards d’euros, l’ETP est désormais identifiée par beaucoup d’acteurs comme l’un des axes majeurs d’amélioration de la prise en charge des patients en ALD, grâce notamment à leur participation entière et éclairée. La Stratégie nationale de santé (SNS), telle que définie par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, intègre d’ailleurs pleinement cette pratique dans son projet.
Questions de temps et de tarification
Selon les données recueillies lors d’un sondage réalisé par « le Quotidien du Médecin » auprès des médecins généralistes, près de 90 % d’entre eux déclarent pratiquer l’ETP et 93 % pensent qu’elle constitue un véritable avantage pour une meilleure prise en charge des patients. Un avis partagé dans des proportions comparables par les malades chroniques sondés par le réseau social spécialisé Carenity. Pour 97 % d’entre eux, il est ainsi souhaitable d’impliquer le patient dans son traitement et sa prise en charge personnelle une fois le diagnostic posé. Passé ce consensus global, des divergences apparaissent cependant sur des différents points.
Alors que les médecins considèrent que le succès de l’ETP repose à parts égales sur leur implication et la volonté du patient, ces derniers valorisent plus amplement leur démarche personnelle. Par ailleurs, 66 % des malades estiment que l’ETP doit être incluse dans le suivi global et sont partagés équitablement sur la question de l’introduction d’une rémunération supplémentaire. De leur côté, les praticiens pensent à 60 % qu’il est nécessaire d’introduire une consultation spécifique et 74 % que le mode de paiement doit se faire au forfait.
Transformer le système actuel
Le défi de la formation constitue l’un des axes prioritaires mis en avant dans les recommandations du groupe de travail. Il constate que les formations initiales médicales et paramédicales sont encore trop centrées sur le diagnostic et la prescription médicamenteuse et donc peu adaptées à la maladie chronique. Il préconise donc une initiation à l’ETP au moment de la première année commune ainsi qu’un module en 2e cycle comptant pour l’ECN et un DES et un Master en 3e cycle. Dans le cadre du DPC, l’ETP devrait en outre pouvoir être validée par un diplôme reconnu par les ARS.
Du point de vue organisationnel, plusieurs chantiers ont été identifiés comme réalisable dès à présent : le développement des expériences d’ETP à l’hôpital, la mise en place et le contrôle par l’ARS de coordinations territoriale et ville-hôpital et enfin l’instauration d’un financement dédié à l’hôpital et d’un fonds national géré par l’ARS pour le secteur ambulatoire. Plus complexes, l’instauration d’un Comité national régi par les sociétés savantes, l’évaluation des résultats, les nouvelles modalités de financement ou encore le développement de la recherche en ETP nécessiteront une réelle transformation du système actuel.
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