THÉORISÉ et violemment condamné par l'Église Chrétienne au Moyen-Âge, l’avortement n’était pas considéré comme un crime pendant l’Antiquité, mais très certainement comme un moyen de contrôle des naissances. Au V e siècle av. J.-C., Hippocrate propose d’ailleurs plusieurs méthodes pour le pratiquer et on trouve des traces de son existence pendant cette période aussi bien en Chine qu’en Égypte. Dans l’immense production laissée par le droit romain, il est d’ailleurs remarquable de constater que ne figurent en tout et pour tout que quatre passages faisant référence à l’avortement. Il en ressort que cette pratique, ainsi que tout ce qui touchait à la contraception et à la gestation, relevait dans le droit antique, non pas des lois de la cité, mais des lois de la maison. C’est donc l’Église romaine qui, toute puissante pendant la période médiévale, instaure une criminalisation de l’avortement. Bien que la Constitutio Criminalis Carolina fixe en 1532 la date d’animation du ftus au milieu de la grossesse, le Pape Sixte Quint condamne en 1558 de façon formelle l'avortement, quel qu’en soit le terme. La Renaissance n’apportera en France qu’une indication du droit à l’avortement en cas d’hémorragie grave.
Du code Napoléon à la création du MFPF.
En 1810, le Code pénal mis en place par Napoléon 1er stipule dans son article 317 que « Quiconque, par aliments, breuvages, médicaments, violences, ou par tout autre moyen, aura procuré l'avortement d'une femme enceinte, soit qu'elle y ait consenti ou non, sera puni de la réclusion. La même peine sera prononcée contre la femme… ». Plus d’un siècle plus tard, en juillet 1820, une nouvelle loi est adoptée pour réprimer l’avortement et la propagande anticonceptionnelle. En 1942, le régime de Vichy instaure la peine de mort en faisant de l’avortement un crime contre la sûreté de l’État. Cette disposition législative sera abrogée à la Libération.
En 1947, le Dr Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé découvre aux États-Unis le mouvement Planned Parenthood fondé par une infirmière américaine, Margaret Sanger, et prononce en mars 1955 un discours à l’Institut de France sur la « maternité volontaire ». Le retentissement est énorme et elle reçoit le soutien de plusieurs grands intellectuels, dont Évelyne Sullerot, figure du mouvement féministe français, et du Dr Pierre Simon. Ensemble, ils créent un an plus tard une association de femmes pour promouvoir le contrôle des naissances et s’opposer à loi de 1920 : la Maternité Heureuse. En 1960, elle change de nom et devient le Mouvement Français pour le Planning Familial dont les objectifs sont de légaliser les moyens anticonceptionnels. Le nombre d'avortements en France est alors estimé entre 250 000 et 600 000 par an et entraîne la mort de 250 femmes.
La reconnaissance par le droit succède à la clandestinité.
Le MFPF qui s’est créé dans une semi-clandestinité, ouvre dès 1961 les premiers centres de planning familial. Lieux d’accueil où les femmes peuvent venir s’informer sur les comportements sexuels et leurs mécanismes, et même se procurer des moyens contraceptifs sous la forme de diaphragmes ou de gels spermicides, ils fonctionneront ainsi plus de six ans dans la plus parfaite illégalité. Le succès est indéniable et vient confirmer le vide considérable en matière d’éducation sexuelle que ressentent la plupart des hommes et des femmes à cette époque. Le mouvement commence dès lors à se structurer et à mettre en place la formation de conseillères et de médecins. L’année 1967 marque enfin une première avancée significative en forme de première victoire : la loi Neuwirth autorise la fabrication et la délivrance de contraceptifs oraux sur ordonnance. En 1971, alors que le MFPF est agréé comme « mouvement d’éducation populaire », l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur fait paraître un manifeste rédigé par Simone de Beauvoir et signé par 343 femmes affirmant avoir subi un avortement malgré la loi l’interdisant.
Deux ans plus tard, la création du Mouvement pour la libération de l’avortement et de la contraception (MLAC), qui fédère le MFPF, le Groupe Information Santé (GIS) et le Mouvement de Libération des Femmes (MLF) conduit à la décision de pratiquer illégalement des interruptions de grossesse pour faire réagir l’opinion et les pouvoirs publics face à un état de fait dont le déni devient, pour beaucoup, insupportable. Le 17 janvier 1975, la promulgation de la loi Veil qui suspend partiellement l’article 317 du Code pénal pour 5 ans, autorise ainsi l’avortement sous certaines conditions. Elle sera confirmée en 1979. Le MFPF décide alors de cesser la pratique de l'avortement dans ses centres afin d'obliger les services publics à créer des services d'interruption volontaire de grossesse. Des années de clandestinité, de pratiques dégradantes et dangereuses pour les femmes cessent enfin. En 1982, l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) est remboursée par la Sécurité Sociale.
Une vigilance permanente.
Tous ces acquis obtenus de haute lutte ne sonnent pour autant pas le glas d’une organisation qui continue à défendre le droit des femmes en matière de contraception et d’IVG face à des groupes qui lui sont parfois violemment opposés. En 1988, malgré diverses pressions des milieux antiavortement, la pilule abortive RU486 est mise sur le marché. En 1992, les actions de commando contre les lieux et les personnels de santé pratiquant l’avortement mobilisent massivement associations, syndicats et bien évidemment le MFPF. La loi de 1993, dite « Neiertz », est ainsi adoptée pour sanctionner les personnes qui perturbent le fonctionnement des établissements hospitaliers participant à la mise en uvre de la loi sur l’IVG. Les 70 associations départementales du MFPF et ses 1 200 animatrices et animateurs qui rentrent en contact avec environ 350 000 personnes par an ont récemment été sérieusement menacés de voir leur subvention diminuée de moitié. Là encore, une mobilisation importante a permis de suspendre cette mesure, preuve que le combat mené depuis plus de 50 ans n’est jamais terminé.
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