Le gouvernement guinéen recherchait un concept d’hôpital à bas coût. Ce pays se disait capable de construire un établissement aux standards européens, mais pas de la faire fonctionner, en raison des coûts trop élevés.
La société Clinifit, basée à Lille, qui groupe une quinzaine de PME dans l’univers l’hospitalier, a relevé le défi. Après deux années de recherche, elle lance aujourd'hui un concept novateur : CuraDay, un hôpital exclusivement voué à l’ambulatoire et avec des coûts de fonctionnement très serrés.
« La problématique posée par le gouvernement guinéen concernait l’accès aux soins pour le plus grand nombre, explique Nicolas Vaillant, directeur général de Clinifit. L’ambulatoire répond à 80 % des besoins de la population et 98 % de la maternité. Nous avons donc opté pour le principe d’un "hôpital d’un jour". Une structure beaucoup moins lourde qu’un hôpital classique avec ses chambres et étudié pour alléger les frais de fonctionnement. »
La société revendique des coûts de construction 20 fois inférieurs grâce justement à la suppression des chambres d'hospitalisation et la réduction des surfaces. La solution du préfabriqué a été retenue : le bâtiment est conçu en « panneaux sandwich » intégrant dans leur paroi les câbles électriques et les réseaux d’alimentation en eau. Fabriqués à Bapaume, dans les Hauts-de-France, et acheminés par containers, ces panneaux sont autoporteurs et ne nécessitent donc aucune structure extérieure préalable. L’assemblage sur place demande juste quatre jours de travail à deux personnes.
De nombreux pays africains intéressés
L'établissement garantit pour autant des soins aux normes européennes. Le bâtiment type de 2 000 m2 permet d’assurer 8 000 actes chirurgicaux par an, 2 000 accouchements et 45 000 consultations, pour un coût de construction inférieur à 5 millions d’euros.
Éclairage scialytique moins gourmand en électricité, dans certains blocs un flux laminaire (lumière spécifique à effet germicide permettant de purifier le plan de travail et son contenu, NDLR)… Le coût de fonctionnement a été revu à la baisse afin de réduire le prix des soins qui est souvent un obstacle pour la population.
« Au Cameroun, par exemple, le prix officiel d’un accouchement est de 45 000 francs CFA (environ 70 euros). Mais en pratique il est souvent facturé 160 000 francs CFA . Dans le CuraDay, nous souhaitons que le tarif soit fixe et public. Pour cela, une délégation de service public sera accordée à l’exploitant, de façon à éviter les dérives et la corruption » explique Nicolas Vaillant. Des audits sont prévus pour contrôler le respect du cahier des charges.
Le dossier guinéen a pris du retard en raison de la situation politique et du changement de gouvernement intervenu l’an dernier. Le mécénat international devrait financer la construction d’un premier CuraDay voué à la maternité et la pédiatrie.
Cette alternative économique intéresse nombre de pays émergents. Au Cameroun, deux premiers hôpitaux ouvriront leurs portes en 2017 à Douala et Bertoua. Le Togo, le Gabon et Madagascar sont également attirés par le concept.
En ces temps de vaches maigres, nos gouvernants pourraient bien prêter attention, eux aussi, à ce concept d’hôpital à bas coût !
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