Ce n'est pas que François Hollande n'ait pas procédé à de surprenantes nominations, à commencer par celle de Jean-Marc Ayrault, ancien Premier ministre, qui n'aura été évincé de Matignon que pour servir, en tant que ministre des Affaires étrangères, le chef de gouvernement contre lequel il a forcément gardé un peu de rancœur. En tant que germanophone, M. Ayrault saura sans doute œuvrer au renforcement de l'axe franco-allemand, mais c'est à peu près tout ce que l'on peut dire d'un homme, par ailleurs fort estimable, qui nous renvoie au passé au moment où le pays tente désespérément de sortir de l'ornière. M. Hollande croit qu'il a accompli un coup d'as en embauchant Emmanuelle Cosse, patronne des Verts, mais sa nomination avait à peine été annoncée qu'elle déclenchait une crise au sein d'EELV, Europe Ecologie-les Verts, parti qui a déjà perdu beaucoup de membres, notamment ceux, Jean-Vincent Placé et Barbara Pompili, qui sont entrés au gouvernement.
Si l'on peut redouter des querelles entre Manuel Valls et Jean-Marc Ayrault, on constate que Mme Cosse, chargée du Logement, a reçun cadeau empoisonné : elle devra achever la réforme de la loi Alur que Cécile Duflot avait portée, non sans aggraver la crise du bâtiment. En d'autres termes, on ne discerne pas la cohésion d'une équipe qui risque d'être divisée et critiquée par les partis auxquels elle appartient. Une poignée de radicaux de gauche, trois écologistes, des socialistes et des amis, comme Audrey Azoulay, conseillère personnelle du président qui devient soudainement ministre de la Culture, tandis que Fleur Pellerin est remerciée sans qu'elle ait compris ce qui lui vaut sa disgrâce. Le président ne peut pas défendre sérieusement l'idée qu'il a pour seule intention de travailler d'arrache-pied jusqu'en mai 2017 et qu'il ne pense pas à sa réélection.
Une absence de vision
En tout cas, les dispositions qu'il a prises ne sont pas de nature à renforcer sa popularité. Il ne suffit pas de nommer des gens venus de divers horizons pour s'assurer le vote des formations d'où ils viennent, de même que le « rassemblement » de la gauche auquel M. Hollande croit avoir procédé est illusoire dès lors qu'il entraîne plus d'agitation que de sérénité. Pourtant, ce remaniement, rendu nécessaire par le départ de Laurent Fabius, nommé à la tête du conseil constitutionnel et par celui de Sylvia Pinel, élue présidente de sa région, offrait à François Hollande une occasion de faire du passé table rase et de créer, sous la forme de nominations inattendues, un choc dans la population. Une occasion d'offrir à un peuple désemparé une vision politique qui n'aurait rien dû au consensus et aurait soumis l'économie à un plan de relance. De toute évidence, M. Hollande, qui est assez réaliste pour savoir que ses chances, l'an prochain, sont très minces, a préféré ne prendre aucun risque. Le rassemblement dont il parle, c'est surtout une méthode pour se créer le plus grand nombre de débiteurs qui seraient contraints, en 2017, de le rembourser.
Mais non seulement les écologistes entrés au gouvernement sont désavoués par d'autres écologistes, non seulement la forte représentation des radicaux de gauche concerne des gens déjà acquis au pouvoir, mais on ne perçoit pas le début du début d'une réconciliation au sein du parti socialiste. Dans sa quête d'un consensus introuvable, le président consacre en réalité l'éclatement de la gauche. Il peut toujours se rassurer en songeant aux divisions de la droite, mais la médiocrité de l'opposition, soumise aux rivalités personnelles et pour le moment dépourvue de programme, ne lui garantit nullement la renaissance de la majorité.
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