« SI RIEN n’est fait rapidement pour prévenir l’apparition et la propagation de parasites pharmacorésistants, le monde risque de perdre son traitement le plus efficace contre le paludisme. » Face à la menace que constitue l’apparition d’une résistance aux ACT, l’OMS a décidé d’agir vite. Le nouveau plan conçu par 100 experts du Partenariat Faire reculer le paludisme vise à préserver l’arme la plus efficace aujourd’hui contre le Plasmodium falciparum, responsable de la forme la plus grave de paludisme.
En novembre 2010, l’organisation avait déjà tiré la sonnette d’alarme dans son rapport mondial sur l’efficacité des antipaludiques et la pharmacorésistance (2000-2010), en appelant les pays à être de plus en plus vigilants afin de permettre la détection précoce d’une résistance aux combinaisons à base d’artémisinine, recommandée depuis avril 2004 comme le traitement de référence du paludisme. Selon ce rapport, seulement 34 % des pays d’endémie palustre se conforment aux recommandations de l’OMS préconisant une surveillance systématique de l’efficacité des antipaludéens de première et de deuxième intention.
Des progrès à préserver.
L’enjeu est de taille, car l’histoire de la lutte contre le paludisme a été marquée par l’émergence de résistances aux antipaludiques, à la chloroquine dans les années 1970 et 1980 puis au sulfadoxine-pyrimethamine et à la méfloquine. La mise à disposition de dérivés de l’artémisinine et la mise en œuvre du Plan d’action mondial contre le paludisme ont permis de faire chuter le nombre de cas de paludisme de 50 % dans 43 pays au cours de la dernière décennie. Selon une étude récente, plus de 730 000 vies auraient été sauvées entre 200 et 2010 dans 34 pays dont les 3/4 depuis 2006, année où l’utilisation des moustiquaires imprégnées et des ACT s’est étendue.
Ces acquis risquent d’être anéantis avec l’apparition de résistance à l’artémisinine dans certaines zones à la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande. L’OMS note que les résistances aux anciennes molécules « ont toutes commencé dans cette zone », avant de se propager en Afrique et aux autres régions.
Le plan d’action comporte une série de mesures qui visent à arrêter la progression des parasites résistants dans les zones où des preuves de résistance existent, à accroître le contrôle et la surveillance de la résistance dans les 75 pays concernés pour éviter tout « risque d’émergence silencieuse », à améliorer l’accès aux tests de diagnostics et au traitement rationnel par les ACT, à investir dans la recherche afin de disposer de techniques plus rapides de détection des résistances et de nouvelles classes d’antipaludiques et enfin, de favoriser l’action et la mobilisation des ressources. À propos de l’accès au test et au traitement rationnel, l’OMS insiste sur la nécessité de diagnostiquer tous les cas suspects au moyen d’un test diagnostic avant tout traitement par ACT plutôt que de traiter toutes les affections fébriles comme c’est encore souvent le cas.
Occasion sans précédent.
Des fonds supplémentaires seront nécessaires pour contrôler le paludisme et éviter la résistance aux antipaludiques. Si les progrès déjà enregistrés dans la lutte contre le paludisme sont à mettre au compte de l’augmentation des ressources allouées (3 milliards de dollars en 2009), les experts estiment de 4 milliards supplémentaires sont encore nécessaires. Dans les régions où les résistances ont été identifiées, les besoins pour enrayer la progression des parasites résistants sont estimés entre 10 et 20 dollars par personne et entre 8 et 10 dollars par personne dans les zones à risque.
Margaret Chan, directeur général de l’OMS, lance un appel à l’action : « Ce nouveau plan offre l’occasion, sans précédent dans l’histoire de la lutte contre le paludisme, d’interrompre l’émergence de la pharmacorésistance à sa source et de prévenir une nouvelle propagation internationale. Les conséquences d’une résistance étendue à l’artémisinine nous obligent à agir. »
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