DE NOTRE CORRESPONDANTE
ON ESTIME à 3 000 le nombre de femmes victimes de mutilations sexuelles vivant dans le Nord-Pas-de-Calais, essentiellement originaires d’Afrique subsaharienne (Mali, Sénégal, Mauritanie, Guinée...). Chaque année, 180 femmes excisées accouchent dans l’une des maternités de la région.
Pour améliorer la prise en charge de ces femmes et favoriser un repérage précoce des mutilations subies, le Centre régional d’accueil et de prise en charge des mutilations sexuelles féminines (CRMSF) lance un plan de formation destiné aux 1 300 gynécologues-obstétriciens et sages-femmes de la région. Axée à la fois sur les aspects sanitaires, juridiques et psychologiques, cette sensibilisation leur permettra de proposer aux femmes un accompagnement global.
Ouvert en juillet dernier à l’hôpital Saint-Philibert de Lomme, le CRMSF a accueilli 25 patientes depuis sa création. Des femmes âgées de 25 à 30 ans dont le principal motif de consultation est la douleur. « Venir consulter est une démarche difficile pour ces femmes, et c’est souvent la souffrance qui les décide à faire le pas, explique le Dr Richard Matis, gynécologue-obstétricien coordinateur du centre. Elles souffrent beaucoup lors des rapports sexuels ou après leur accouchement. Certaines ont des douleurs névralgiques telles qu’elles ne peuvent plus s’asseoir. »
Soutien psychologique.
Les femmes qui poussent la porte de ce service spécialisé viennent aussi chercher un soutien psychologique. « Elles ont besoin de parler, de nous confier le récit de leur vie, explique Julie Quiquempois, psychologue coordinatrice. La mutilation est restée un traumatisme très fort pour elles. Moralement et physiquement, ces femmes sont meurtries et tentent de se reconstruire. »
Pour nombre d’entre elles, l’obstacle de la langue ne permet pas d’entamer une psychothérapie à proprement parler, mais l’écoute, et le sentiment d’être entendues dans leur souffrance a déjà des vertus thérapeutiques.
Certaines, plus avancées dans leur cheminement, consultent le centre pour une chirurgie réparatrice.
Formé dans le service du Dr Pierre Foldès, qui reconstruit les clitoris excisés, le Dr Matis réalise l’intervention à l’hôpital Saint-Philibert. « L’acte chirurgical s’accompagne toujours d’un suivi psychologique et sexologique, souligne-t-il. Même si la démarche est mûrement réfléchie, il faut bien expliquer à la femme que restituer l’organe ne suffit pas à restituer la fonction. Généralement, leur démarche est plus identitaire que sexuelle. Elles veulent retrouver leur intégrité. »
Un sexologue viendra bientôt compléter l’équipe du CRMSF, qui souhaite, à terme, constituer un réseau avec les professionnels de santé et les associations pour mieux prendre en charge les femmes victimes de ces mutilations.
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