Une femme sur quatre et un homme sur six sont victimes de violences sexuelles au cours de leur vie.
Des chiffres qui ne font aucun doute quant au caractère épidémique de ce que l’association « Stop aux violences sexuelles » (SVS) considère, à juste titre, comme « un fléau national et international ». Pourtant, la réalité de ce phénomène continue d’être au mieux minimisée, au pire oubliée, par un corps politique qui peine à prendre la pleine mesure des conséquences qu’il génère sur les individus et, au-delà, sur toute la société. Le terme de « bombe à fragmentation » qu’emploie le Dr Violaine Guérin, gynécologue, endocrinologue et présidente de SVS, pour le qualifier ne souffre à cet égard d’aucune ambigüité. Pour elle, « la violence sexuelle n’est pas un fait divers, mais un fait fondamental de société ». L’ampleur des dégâts, aussi bien quantitatifs que qualitatifs, que les violences sexuelles ont sur les victimes est à la mesure d’un continent oublié. Aux mécanismes d’amnésie post-traumatique qui posent notamment des problèmes juridiques de prescription au moment de la révélation des faits, s’ajoute un nombre considérable de pathologies somatiques : maladies auto-immunes, maladies aiguës ou chroniques… De plus en plus de liens sont désormais établis entre violences sexuelles subies et pseudo-épilepsies, de même que des études récentes éclairent d’un jour nouveau l’articulation délétère entre ces violences et les problèmes de stérilité. Au final, le coût médico-économique de ce phénomène est colossal : 10 milliards d’euros annuels en évaluation basse, hors coûts sociaux.
Les médecins généralistes au cœur du dépistage
Beaucoup plus qu’un simple lanceur d’alerte, SVS se place en porteur d’un projet de santé publique et agit sur tous les fronts : politique, juridique, médical, sociétal… Si, pour l’association, le corps médical a évidemment son rôle à jouer dans la mise en place d’un cadre général de prévention des actes de violence sexuelle, il lui apparaît aujourd’hui indispensable de former tous les corps de métier au dépistage et en premier lieu les médecins. Pour les aider « à se sentir sécurisés par rapport à ce travail de dépistage », comme l’explique Violaine Guérin, il est impératif que les médecins généralistes bénéficient à la fois d’une formation et d’une méthodologie médicale adaptée, mais également d’une reconnaissance du temps professionnel que la mise en place de ce dispositif implique. Ce thème, ainsi que beaucoup d’autres, sera abordé au cours des Quatrièmes Assises nationales de SVS qui réunissent cette année 35 acteurs pluridisciplinaires. La problématique centrale s’articulera autour des enjeux des violences sur les personnes par le biais de l’examen du bilan d’études épidémiologiques, d’enquêtes et de parcours de soins et les dernières découvertes concernant leur impact sur la santé physique et psychique seront également exposées. Par ailleurs, 19 ateliers aborderont l’ensemble des travaux d’étude et d’exploration de SVS : prescription, violences institutionnelles, impact sur les jeunes, sexologie, pédagogie et prévention sur la sexualité des adolescents, nouvelles technologies, soins des auteurs mineurs, approches thérapeutiques innovantes… En matière de violences sexuelles, si l’urgence à s’emparer collectivement de ce problème n’est malheureusement pas nouvelle, elle n’en garde pas moins le caractère d’une absolue nécessité pour préserver la santé des individus et celle de toute notre société.
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