« L’ANNÉE 2009 est une année particulièrement importante pour nous », a expliqué la directrice générale de l’Institut de veille sanitaire (InVS), Françoise Weber, lors de la réunion annuelle des associations, au cours de laquelle l’Institut réunit l’ensemble de ses partenaires pour un panorama des actualités épidémiologiques sur le VIH et les IST. Si la pandémie grippale mobilise aujourd’hui les équipes chargées de la surveillance et de l’alerte, l’infection à VIH fait en cette fin d’année l’actualité : « Pour la première fois, nous présentons des résultats importants et nouveaux », souligne la directrice. La déclaration obligatoire des découvertes de séropositivité (c’est-à-dire des nouveaux diagnostics d’infection à VIH) et le test d’infection récente font partie depuis 2003 des indicateurs de la surveillance de l’infection en France, mais il aura fallu attendre six ans pour mettre au point la méthode qui permet d’estimer l’incidence annuelle de l’infection. Le modèle mathématique a été élaboré par les Centres de contrôle et de prévention des maladies aux États-Unis (CDC) puis adapté au contexte français par l’InVS et l’ANRS (Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales).
Un indicateur plus précis.
« Nous disposons d’un indicateur que peu de pays au monde peuvent produire », se réjouit Françoise Weber.
En Europe, la France est d’ailleurs le seul pays à intégrer le test d’infection récente (moins de six mois) dans le dispositif de surveillance, dont les résultats, combinés aux caractéristiques des patients recueillis par les cliniciens, permettent aujourd’hui d’estimer le nombre de personnes qui se sont infectées au cours d’une année, qu’elles aient ou non été diagnostiquées. « Par rapport au nombre de nouveaux diagnostics, l’incidence permet une vision plus précise de la dynamique de l’épidémie », explique la directrice de l’Institut.
Et les données sont plutôt rassurantes, puisque la baisse suggérée par les données sur les découvertes de séropositivité se confirme, avec 6 940 nouvelles contaminations en 2008 contre 8 930 en 2003. Les nombres de nouvelles contaminations par rapports hétérosexuels et homosexuels sont du même ordre de grandeur, respectivement 3 550 (51 %) et 3 320 (48 %). Toutefois, l’incidence reste stable chez les homosexuels. Une tendance qu’ils partagent avec les usagers de drogues, mais chez ces derniers, l’incidence reste à un niveau beaucoup plus faible.
L’incidence rapportée à l’effectif de la population signe plus encore le fait que les homosexuels constituent une population particulièrement touchée et que les transmissions restent, dans ce groupe, importantes, avec 1 006 contaminations par an pour 100 000 (soit un taux de 1 % par an). Ce taux est 200 fois supérieur à celui de la population hétérosexuelle française et 9 fois supérieur à celui de la population hétérosexuelle de nationalité étrangère. Les femmes originaires d’Afrique subsaharienne sont, avec un taux de 354 pour 10 000, le deuxième groupe le plus exposé.
Forte prévalence du VIH chez les gays parisiens.
Les premiers résultats de l’étude PrevaGay, la première en France à mesurer la prévalence biologique chez les gays, confirme la situation préoccupante de l’infection dans cette population. L’étude mise en place par l’InVS a été réalisée dans les établissements commerciaux de convivialité gay parisiens (9 saunas ou backrooms et 5 bars). La démarche choisie est là aussi inédite. Elle a mobilisé les associations de lutte contre le sida, qui ont accepté de participer à une recherche biomédicale dont le protocole a été appuyé par l’ANRS et qui a obtenu l’accord du Comité de protection des personnes Ile-de-France IX, de même que l’autorisation de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS). Après lecture d’une lettre d’information présentant les objectifs de l’étude, le participant était invité à remplir un consentement de participation. Dans un espace confidentiel, il lui était proposé de déposer sur un papier buvard six gouttes de sang par un autoprélèvement capillaire au bout du doigt, puis de compléter un autoquestionnaire comportemental. Aucun résultat ne lui était communiqué mais il recevait ensuite une carte d’accès privilégié pour une prise en charge rapide dans un des trois CDAG partenaires. L’enquête s’est déroulée du 28 avril au 5 juin et a permis à 14 intervenants de terrain, recrutés pour leur connaissance des établissements et du milieu, de contacter 1 500 homosexuels. Parmi les 917 buvards adressés au centre national de référence pour le VIH, 886 sérologies ont pu être validées, dont 157 se sont révélées positives, soit un taux de prévalence biologique de 17,7 %. La prévalence était de 15 % pour les moins de 30 ans et de 21 % pour ceux âgés de 45 ans et plus. Sur les 157 hommes séropositifs, 126 seulement avaient déclaré être positifs. Ainsi, 1 gay séropositif sur 5 (20 %) qui fréquentent les lieux de convivialité à Paris ignore qu’il est porteur du virus. Ceux qui méconnaissent leur séropositivité sont souvent plus jeunes (âge médian de 37 ans contre 41 ans) et dans 61 % des cas, ils avaient déjà réalisé le test au cours des douze derniers mois (22 % n’avaient jamais eu recours au test).
Ces résultats, ceux de l’incidence et ceux de l’enquête PrevaGay, vont dans le sens du renforcement de l’incitation au dépistage recommandé par la Haute Autorité de santé.
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