Chaque année, 580 000 femmes et 197 000 hommes, âgés de 20 à 69 ans, sont victimes d'au moins une agression sexuelle. Parmi eux, 1 femme sur 320 et 1 homme sur 10 000 subit un viol ou une tentative de viol et une femme sur 30 et un homme sur 200 sont victimes d'un viol.
« Ces chiffres, issus d'un travail mené par des chercheurs de l'Institut national d'études démographiques (INED), ont été obtenus à partir de données récoltées en 2015 lors de l'enquête « Violence et rapports de genre »* (VIRAGE) portant sur les violences, subies par les personnes au cours des 12 derniers mois. Les premiers résultats de ces travaux, concernent plus spécifiquement les violences sexuelles.
La sphère privée pour 85 % des viols
L'étude révèle que les violences sexuelles, et plus particulièrement les viols et tentatives de viol, se produisent essentiellement dans la sphère privée - famille, proches, conjoints et ex-conjoints.
« Le viol, ce n'est pas l'agresseur du parking », souligne Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes. « Les violences sexuelles subies dans l'enfance et dans la famille sont fortement taboues », regrette la ministre.
Pour les femmes comme pour les hommes, les violences sexuelles débutent très tôt : 85 % des viols, tentatives de viols et attouchements du sexe se produisent pour la première fois avant 15 ans. Or, lorsqu'elles débutent avant 15 ans, ces violences sont répétées pour les 2/3 des personnes victimes, parfois sur de nombreuses années.
Urgentistes et médecins libéraux en première ligne
Pour Laurence Rossignol, les travaux de l'INED devraient permettre de « renforcer, étayer et enrichir la formation des professionnels amenés à être en première ligne », notamment les urgentistes qui sont déjà formés à l'accompagnement spécifique des personnes victimes de violence.
Regrettant que seulement 5 % des signalements pour « information préoccupante » [violences à l'encontre des enfants, NDLR] émanent des médecins libéraux, la ministre a rappelé qu'en aucun cas un médecin ne pouvait être poursuivi pour diffamation s'il avait transmis une telle information au conseil départemental : seules les informations qu'il saurait être fausses mais qu'il transmettrait malgré tout relèvent de la diffamation.
« Les médecins libéraux ont un rôle essentiel à jouer dans le repérage, la prise en charge et l'orientation des victimes vers les structures de soins spécialisées », a souligné la ministre.
Une articulation avec le 5e plan contre les violences faites aux femmes
Pour la ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Najat Vallaud-Belkacem, « cette enquête devrait permettre de lever les tabous sur les violences faites aux femmes et apporter, par la recherche, les éléments nécessaires à la construction des politiques publiques ».
Les mesures du 5e plan contre les violences faites aux femmes, présenté mercredi 22 novembre en Conseil des ministres, vont pouvoir s'enrichir des travaux menés par l'INED, a souligné Laurence Rossignol. Le plan 2017-2019, qui sera doté d'environ 125 millions d'euros - contre 66 millions d'euros pour le précédent -, comporte 122 mesures destinées à faire baisser un nombre de victimes de violences « dramatiquement stable ». Il portera une attention particulière aux enfants, aux jeunes femmes et à celles vivant en milieu rural.
Dans un communiqué, le Conseil économique social et environnemental (CESE) a, cependant, réclamé que « que de plus grands moyens soient accordés à la lutte contre les violences faites aux femmes », soulignant que le budget dédié aux droits des femmes est le plus petit budget de l'État (0,0066 %).
* Enquête menée auprès d'un échantillon représentatif de 27 268 personnes, âgées de 20 à 69 ans et vivant en France métropolitaine
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