LE GOUVERNEMENT se défend sur une étroite de pont : la France, au total, s’en sortirait mieux que ses principaux partenaires commerciaux. Tout est relatif. À contempler le tableau social, la crise chez Total, la grève des contrôleurs aériens et des pilotes d’Air France (avec l’énorme perte de revenu de la compagnie aérienne), les fermetures d’usines, l’état pitoyable des agriculteurs français, l’arrivée de centaines de milliers de chômeurs en fin de droits, la baisse de la consommation en janvier, on ne discerne que des raisons de se lamenter. Ouvriers, paysans, employés au salaire minimum ne parviennent guère à boucler leurs fins de mois.
La bataille du pouvoir d’achat.
Comme en témoigne la grève chez Ikéa, les salariés exigent maintenant, après une décennie de modération induite par la réduction du temps de travail, des augmentations en rapport avec la hausse du coût de la vie, alors même que les petites entreprises sont prises à la gorge et souvent proches de la faillite.
Le bilan de la lutte contre la crise n’est pas vraiment brillant. On a certes sauvé les banques qui, pour la plupart, affichent, pour 2009, de bons résultats, même si quelques institutions sont loin d’avoir épongé les passifs créés par la crise des subprimes. On a certes évité le pire. Mais les effets de la crise se prolongeront vraisemblablement pendante toute l’année 2010, avec, au-delà, des prévisions de croissance faible. Personne ne sait, pas même M. Sarkozy, quand la réduction du nombre de sans-emploi sera assez sensible pour rassurer la population et lui permettre d’augmenter sa consommation, principal moteur de la croissance en France.
SARKOZY EN 2010, C’EST UN PEU CHIRAC EN 1997
À qui s’ajoute le paradoxe infernal d’une crise du pouvoir d’achat qui provoque l’exigence d’une hausse des revenus au moment même où les pouvoirs publics sont censés s’attaquer sérieusement à la dette et aux déficits. Les chômeurs en fin de droits bénéficieront sans doute d’une mesure exceptionnelle de prolongation de leurs allocations ; le RSA (revenu de solidarité active) concerne un nombre croissant de pauvres. Or le gouvernement refuse d’augmenter la pression fiscale et, singulièrement, d’accroître les impôts sur les revenus élevés, protégés par le bouclier fiscal et par un allègement important des droits de succession. Il lui est plus que jamais difficile de tenir parole sur les engagements qu’il a pris dans le passé et que des lois ont entérinés alors que ces engagements sont rendus caducs par une crise profonde et longue. Même le cas des chômeurs en fin de droits n’est pas réglé. M. Sarkozy avait expliqué, lors de son entretien télévisé, qu’il préférait la formation des personnes concernées à l’assistance pure et simple. Mais ceux qui n’ont plus rien ont besoin d’oxygène pour survivre, c’est-à-dire d’argent.
Face à une crise d’une telle ampleur, l’acharnement à camper sur ce qui n’est, en définitive, qu’une position idéologique (la crise, induite par des aberrations financières, a largement démontré qu’on ne peut pas compter sur le marché pour s’autoréguler), il faudrait une nouvelle révision des politiques publiques. Nous devons tirer hors de l’eau ceux qui s’y noient. Et nous devons le faire vite, ce qui implique que l’on ne perde pas de temps en bavardages. Le chef de l’État est placé devant un dilemme politique insoluble : s’il retire aux nantis les avantages fiscaux qu’il leur a accordés, il perdra une partie de leurs votes en 2012 ; s’il maintient ces avantages, il lui faudra un miracle pour retrouver une majorité dans deux ans.
Une tempête.
Il ne faut pas s’y tromper : la situation est assez désastreuse pour transcender tous les courants politiques. Une gauche au pouvoir ne disposerait pas d’une baguette magique pour résoudre les problèmes économiques et sociaux du pays. Tout au plus bénéficierait-elle, en 2012, d’une reprise naturelle de la croissance et d’une réduction consécutive du taux de chômage. En 1997, on a assisté à une sorte de précédent de ce qui va se passer dans l’année qui vient : convaincu qu’il ne pourrait pas redresser les comptes, Jacques Chirac a procédé à des élections anticipées qui ont placé Lionel Jospin à Matignon au moment où la croissance redémarrait, ce qui a assuré cinq ans de pouvoir au gouvernement de cohabitation. La dissolution de l’Assemblée n’est certes pas à l’ordre du jour. Mais M. Sarkozy doit franchir une inévitable tempête qui risque de l’engloutir avant le retour au calme.
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