C’EST ÉRIC BESSON qui, maladroitement, avait mentionné dimanche sa position favorable en faveur du vote des étrangers. On peut le comprendre : il tente de corriger l’image d’un ministre passé du socialisme à la droite de combat. Mais il a donné une occasion en or à l’opposition qui lui répond : chiche ! Aussitôt Lionel Jospin a abondé dans le sens de Mme Aubry et Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, a déclaré qu’il n’était pas question d’acorder le droit de vote aux étrangers, le sujet n’étant pas d’actualité. La droite n’ignore pas que, si elle semble rejoindre le point de vue de la gauche sur le sujet, elle perdra encore des voix aux régionales. Mme Aubry, de bonne guerre, fait tout pour pousser la majorité dans ses retranchements et la confondre avec le Front national, dont l’électorat est précisément sollicité par l’UMP, comme en 2007. Pour le public, cette guérilla des idées, très éloignée des préoccupations majeures des Français, est lassante.
Prendre Sarkozy à son jeu.
Martine Aubry veut prendre Nicolas Sarkozy à son propre jeu. Il a lancé un débat sur l’identité nationale avec l’intention à peine secrète d’attirer les votes du FN, elle s’inscrit très clairement à gauche en l’obligeant, comme il l’a fait par l’entremise de M. Chatel, à renoncer à une idée généreuse et à rester ainsi confiné dans un espace de droite réactionnaire. Cependant, si l’on a dénoncé le débat sur l’identité nationale comme un instrument de ralliement des voix FN, l’on n’est que plus à l’aise pour critiquer Mme Aubry, qui riposte par des méthodes identiques. Dans l’immédiat, on ne voit pas comment la lutte contre le chômage, les déficits et la dette pourrait être améliorée par une mesure morale qui mérite débat mais ne corrrespond guère aux urgences de 2010. Qui plus est, le droite de vote pour les étrangers non européens dans les élections locales est un serpent de mer. Tout le monde, ou presque, est pour, personne ne tente de le mettre en uvre, ni la gauche, qui a cent occasions de le faire, ni la droite qui, elle, est souvent beaucoup plus sceptique sur le bien-fondé d’une telle mesure.
VINGT ANS QUE L’ON EN PARLE, MAIS JAMAIS UN PROJET DE LOI N’A ÉTÉ ENVISAGÉ
Sur le fond, ceux qui se déclarent très hostiles à une telle décision font valoir qu’il existe au sein de la population issue de l’immigration des personnes tentées par l’intégrisme et qui pourraient donc exiger, par exemple, le port de la burqa. Mais d’une part, ils constituent probablement une toute petite minorité et, d’autre part, des citoyens français à part entière vont parfois (très rarement) se battre en Afghanistan ou en Irak contre les armées occidentales. La seule différence entre une personne restée citoyenne étrangère après de nombreuses années d’existence sur le sol français et un Français issu de l’immigration, c’est la carte d’identité nationale ou le passeport. On peut aussi penser que toute personne qui a vécu longtemps en France peut obtenir sans trop de difficultés la citoyenneté française et voter ensuite. Mais il est vrai que beaucoup de cas sont compliqués et que des étrangers vivant en France, paient leurs cotisations sociales et leurs impôts devraient pouvoir contibuer aux choix des élus locaux, ceux qui gèrent la ville ou le département.
Une bonne raison.
Il y a une très bonne raison pour que le droit de vote n’ait jamais été accordé aux étrangers : aucun parti politique au pouvoir n’a eu, à ce jour, le courage de le proposer aux Français. Aucun parti n’a voulu courir le risque de s’aliéner des voix réactionnaires, pas même le PS. Pourtant, comme pour l’abolition de la peine de mort, si la mesure est juste et humaine, il doit être possible de l’adopter et d’y habituer la population. Mesdames et Messieurs les élus, prenez donc votre courage à deux mains ! On n’en pensera pas moins que cette nouvelle polémique arrive à l’improviste et qu’elle a plus été déclenchée par des arrière-pensées que par la soudaine volonté de rendre justice aux immigrés ou descendants d’immigrés. De sorte que les élections régionales, qui devraient de toute façon se traduire par une défaite de la droite, sont considérées, à droite comme à gauche, comme la répétition générale des élections générales de 2012. Martine Aubry ne l’a pas caché qui a déclaré que 2010 serait « l’an I de la reconquête » pour la gauche. C’est le fin mot de l’histoire.
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