› DE NOTRE CORRESPONDANTE
C’EST UN sms qui a lancé à 9 h 17, en ce 17 janvier, la plus grande simulation jamais mise sur pied en Europe, d’un séisme assorti d’un accident nucléaire. À l’initiative de la Préfecture de région Provence Alpes Côte d’Azur et de l’Autorité de Sûreté Nucléaire, cette simulation grandeur nature a été organisée dans la région provençale, avec 4 départements concernés, les Bouches du Rhône, le Var, le Vaucluse et les Alpes de Haute Provence où se trouve le CEA de Cadarache. Construit dans les années 1960, le CEA de Cadarache se révèle être situé tout près de la « faille moyenne Durance », susceptible de créer des séismes d’une magnitude entre 5 et 6 sur l’échelle de Richter. C’est d’ailleurs à l’occasion d’une commémoration d’un séisme en Provence que l’ASN a proposé en 2009, un exercice de cette envergure, sur un territoire assez large mettant en cause risques sismiques et installations nucléaires, « et ce bien avant la catastrophe de Fukushima, rappelle Guislaine Verrhiest Leblanc, inspectrice ASN. Nous avions envie de générer une agression externe avec des conséquences dans le centre de Cadarache et de construire un scénario qui génère des dysfonctionnements qu’il faut gérer en simultané sur le territoire. » Tester la gestion de crise civile et nucléaire en même temps, la coordination entre les équipes et les procédures existantes constituait le but recherché de cet exercice national scénarisé par l’IRSN au travers d’une situation précise et impliquant tous les acteurs y compris la population. Les collégiens d’un établissement de Vinon par exemple ont été contraints au confinement par exemple dès le début du séisme. Dans le CEA, le directeur Meziere raconte : « Cela a commencé par, ce matin, un séisme assez significatif d’intensité de 7,5 avec un épicentre à 10,12 km de Cadarache et de 5 km de profondeur. On a alors lancé notre procédure de gestion de crise. Au fur et à mesure des éléments sont venus se rajouter dans le paysage, avec notamment l’écroulement d’un bâtiment et des rejets dans l’atmosphère. Mais ce qui a été très pénalisant pour la gestion de l’exercice, ce fut la perte de tous les modes de communication dans le poste de commandement local, sauf deux lignes satellites. » Très vite, le commandement a déclenché le plan d’urgence interne après avoir repéré ces possibles rejets. Ce plan est lancé en cas de risque pour l’extérieur du site, « par précaution. » Les personnels du CEA ont été tous évacués. Quatre bâtiments ont subi des dégâts ; deux ont été entièrement détruits.
Décontamination.
« Les personnes de ces bâtiments ont été conduites vers le service de la médecine du travail habilitée à opérer la décontamination. » Une unité mobile de pompiers, le CMIR, est ensuite arrivée sur les lieux pour dégager trois personnes grièvement blessées sous les gravats selon une procédure et un équipement de protection très strict. Deux d’entre elles ont alors été dirigées vers le centre de décontamination dans une unité mobile, déployée par le SDISS sur le parking pour y subir la douche d’usage. Nez et oreilles bouchées pour empêcher les éléments contaminés de pénétrer le corps. « Un entretien avec un médecin peut aussi compléter cette procédure, à la fois pour calmer l’anxiété qui peut exister mais aussi prescrire des examens complémentaires pour évaluer le taux de radio activité en cas de besoin, souligne Henri Maubert, responsable environnement du centre. Cette cellule peut décontaminer 100 sujets à l’heure. » Les blessés les plus grièvement atteints ont été transportés – fictivement s’entend - vers des hôpitaux de la région, Manosque, Pertuis ou Aix en Provence. L’exercice s’est prolongé jusqu’à 15 heures mais un gros travail de débriefing est maintenant à réaliser pour tirer tous les enseignements de cette simulation. « Nous avons testé la réactivité d’abord, a rappelé Hugues Parant, le Préfet de région Provence Alpes Côte d’Azur, mais nous devons aussi évaluer notre capacité à gérer deux crises en même temps, voire consécutives et qui peuvent générer des décisions parfois contradictoires. Il faudra analyser enfin notre gestion de la communication. » Cet exercice devrait livrer de nombreux enseignements sur les réflexes à avoir dans ce contexte, même si on est très loin de la situation réelle.
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