Un article paru sur le site du « BMJ » met en cause l'intégrité des données relatives à des essais cliniques évaluant le vaccin anti-Covid de Pfizer. Il s'appuie sur le témoignage de Brook Jackson, ancienne directrice régionale au sein de Ventavia Research Group, qui a été mise à la porte après avoir dénoncé les pratiques de ce laboratoire texan, un sous-traitant de Pfizer. De quoi apporter de l'eau au moulin des antivax, avec la naissance du hashtag #PfizerGate sur les réseaux.
« La société avait falsifié des données, lever l'insu, employé des vaccinateurs insuffisamment formés et mis du temps à suivre les événements indésirables signalés dans l'essai pivot de phase 3 de Pfizer », relate le « BMJ » d'après la « lanceuse d'alerte ». Inquiète pour la sécurité des participants et après avoir informé l'entreprise à plusieurs reprises, Brook Jackson a fait connaître ces dysfonctionnements à la Food and Drug Administration (FDA) par e-mail, avant d'être renvoyée le jour même. Brook Jackson a fourni de nombreux documents au « BMJ » pour appuyer ses propos concernant ces événements qui se sont tenus en septembre 2020.
Des dysfonctionnements divers
« Une photo montre des aiguilles jetées dans un sac en plastique à risque biologique au lieu d'une boîte contenant des objets tranchants. Une autre montre des emballages de vaccin avec les numéros d'identification des participants à l'essai écrits dessus laissés à l'air libre, ce qui a potentiellement levé l'aveugle des participants », illustre le journaliste Paul Thacker, auteur de l'article du « BMJ ».
Dans son mail adressé à la FDA, Brook Jackson a indiqué que plus de 1 000 participants provenant de trois sites ont été recrutés par Ventavia (l'essai total évaluant le vaccin de Pfizer a inclus près de 44 000 participants de 153 sites). Elle y a listé les différents problèmes qu'elle a pu observer : pas de surveillance des patients après l'injection, suivi insuffisant des patients ayant eu des événements indésirables, écarts par rapport au protocole non signalés, vaccins conservés à des températures inappropriés…
« Quelques jours plus tard, Jackson a reçu un appel d'un inspecteur de la FDA pour discuter de son rapport, mais on lui a dit qu'aucune autre information ne pouvait être fournie. Elle n'a rien entendu de plus concernant son rapport », note le journaliste, qui précise que le dossier de demande d'autorisation déposée auprès de la FDA ne mentionne pas de quelconque problème avec les sites de Ventavia. La FDA a ainsi donné son feu vert à une autorisation d'utilisation d'urgence pour le vaccin Comirnaty le 11 décembre 2020. En août de cette année, la FDA a publié, dans le cadre de l'autorisation complète du vaccin, une synthèse des inspections menées au sein de 9 des 153 sites de l'essai : les sites de Ventavia n'y figuraient pas, d'après le « BMJ ».
Deux autres témoignages dénoncent les pratiques de Ventavia
Le journaliste s'est entretenu avec deux autres ex-employés de la société qui ont confirmé les dires de Brook Jackson. L'un d’eux rapporte un manque de personnel pour tester tous les participants à l’essai qui avaient signalé des symptômes de type Covid. Le second souligne que Pfizer a été informé des problèmes chez Ventavia après le licenciement de Brook Jackson et qu'un audit avait eu lieu. Le « BMJ » ne précise pas l'issue de cet audit, mais rapporte que Pfizer a fait appel à Ventavia en tant que sous-traitant pour d'autres essais cliniques portant sur le vaccin Comirnaty.
Si ces déclarations ont de quoi fragiliser la confiance envers les vaccins, les institutions et les laboratoires, elles ne remettent pas en cause la balance bénéfice-risque du vaccin Comirnaty, alors qu'en plus des résultats de phase 3, le vaccin de Pfizer a aussi montré son bénéfice dans des études en vie réelle.
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