Alors qu'une campagne nationale de vaccination anti-HPV doit être déployée à la rentrée auprès de tous les élèves de 5e, un collectif rassemblant sociétés savantes, académies, collèges de professionnels et associations de patients lance un appel pour « une campagne d’envergure ». Les signataires estiment que l'éradication des cancers dus aux papillomavirus (HPV) est « une bataille française qui reste à mener ».
« Le cancer du col de l’utérus demeure l’un des seuls cancers pour lequel le pronostic s’aggrave en France, avec un taux de survie à cinq ans après le diagnostic en diminution », déplore le collectif.
Les signataires regrettent que la vaccination soit si peu appliquée en France, malgré la disponibilité de vaccins sûrs et efficaces depuis 2007. « En 2022, la couverture vaccinale des filles âgées de 16 ans était de 41,5 % pour celles ayant reçu deux doses de vaccin et celle des garçons au même âge atteignait péniblement 8,5 %, toujours pour deux doses de vaccin », rappelle le collectif, alors que la plupart des pays à haut niveau de revenus ont une couverture vaccinale autour de 70 à 90 %.
Pour un rattrapage vaccinal généralisé jusqu’à au moins 26 ans
Avec la campagne au collège, les signataires saluent toutefois « une volonté politique forte pour améliorer cette situation ». Ils « en prennent acte et insistent aujourd’hui sur l’urgence à réunir tous les moyens nécessaires au déploiement de cette mesure ». Ils appellent à ce que cette mesure s'inscrive dans « un programme général et coordonné de lutte contre les cancers HPV induits ».
Ils préconisent ainsi de multiplier les lieux de vaccination, au-delà de l'école, en s'appuyant notamment sur l'extension des compétences vaccinales des pharmaciens, sages-femmes et infirmiers, et de mettre les vaccins à disposition dans les lieux de consultation médicale. Les signataires souhaitent aussi que le rattrapage vaccinal jusqu’à au moins 26 ans soit généralisé « pour des raisons médicales et parce que la période Covid a gêné la vaccination de beaucoup d’adolescents qui ont maintenant dépassé l’âge de 19 ans. » Quel que soit le lieu, la vaccination devrait être gratuite.
Mettre en œuvre une campagne d'information massive
Pour qu'il y ait un réel impact, le collectif plaide pour « une campagne d’information massive sur la vaccination et le dépistage, aussi bien vers la population que vers les professionnels de santé ». La vaccination des collégiens de 5e doit ainsi être couplée à une large campagne d’information nationale à destination du grand public, adultes et adolescents, des professionnels de santé et de la communauté éducative.
Et ce d'autant que « l’expérience de vaccination à l’école dans le Grand-Est montre que 20 % des parents ont consenti à la vaccination de leur enfant et (que) seuls 16 % des élèves ont pu être effectivement vaccinés », rapporte le collectif. Prise isolément, la vaccination en milieu scolaire est donc une mesure jugée insuffisante.
Le collectif souligne le rôle essentiel de l'Éducation nationale vis-à-vis de la promotion de la santé et de la vaccination. « Un message fort et uni permettrait une meilleure adhésion et également un rattrapage auprès des adolescents et jeunes adultes, au-delà de ce rendez-vous vaccinal en classe de 5e. Des réponses communes sont nécessaires pour faire face à une éventuelle défiance et à la désinformation sur le sujet », écrivent les signataires.
Le collectif met par ailleurs l'accent sur l'importance du dépistage, qui n'est pas assez déployé, alors que nombre de femmes aujourd’hui âgées de 25 à 65 ans n’ont pas bénéficié de la vaccination.
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