L'amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) autorisant les pharmaciens à vacciner contre la grippe (expérimentalement et pour trois ans), adopté par la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale, ne fait pas recette chez les médecins libéraux et les infirmiers.
MG France juge le dispositif « compliqué » et estime qu'« augmenter le nombre de vaccinateurs potentiels ne va pas contribuer à diminuer la défiance des patients envers la vaccination ». Il milite pour une solution « plus simple et très efficace », à savoir que les pharmaciens confient à chaque médecin traitant un stock de vaccins hebdomadaire pour faire face aux besoins.
« Est-ce que la solution réside dans la multiplication des lieux de vaccination ? Certainement pas », tranche aussi le patron de la CSMF. Le Dr Jean-Paul Ortiz fait valoir que les infirmières procèdent déjà à des vaccinations, sans que cela fasse augmenter le taux de couverture. « Donnons plutôt un stock de vaccins aux médecins, en liaison avec leur pharmacien de proximité », préconise aussi le syndicat. La centrale invite les pouvoirs publics à « recentrer la vaccination sur le médecin traitant via des consultations dédiées à la prévention à des âges ciblés ».
Du côté de la FMF, le Dr Jean-Paul Hamon relève lui aussi que les infirmiers ont déjà obtenu ce droit de vaccination, sans effet sur le taux de vaccination. « Le vrai problème, c'est la coordination », juge-t-il.
Compétences
L'amendement est aussi critiqué chez les infirmiers. Vice-président délégué de la Fédération nationale des infirmiers (FNI), Daniel Guillerm prédit que ce texte marquera un début de démantèlement des compétences propres aux infirmiers. « Et pourquoi pas demain les pansements ? », ironise-t-il. Au Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (SNIIL), la présidente Annick Touba s'interroge. « Pourquoi donner cette compétence à des gens qui ne sont pas habilités, au lieu d'utiliser les 100 000 infirmières libérales qui sont sur le terrain » ?
Début octobre, un sondage Odoxa annonçait que 59 % des Français sont favorables à ce qu'on autorise les pharmaciens à vacciner les adultes contre la grippe.
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