« Les médecins généralistes sont en majorité convaincus de l'importance de la vaccination, mais dans un contexte de débats publics et de polémiques, ils manquent de moyen pour convaincre leurs patients et pour contrer le discours des anti-vaccins », alerte le Pr Luc Martinez, président de la Société française de médecine générale (SFMG). Et de faire parler les résultats de l'étude DIVA*, réalisée auprès de 1 069 praticiens par la société savante.
Idées préconçues, tabous et croyances
Un médecin généraliste sur deux évoque, parmi les facteurs les plus défavorables, « Les connaissances et les idées préconçues des patients à propos de la vaccination ainsi que le lien entre la maladie et les tabous, les croyances ou les normes comportementales », rapporte l'enquête, précisant que 2 sur 3 disent manquer de temps pour en discuter avec eux dans le cadre de leurs consultations.
Neuf médecins sur dix sont favorables à la vaccination, mais des réticences s'expriment selon le type de vaccins. Plus de 8 généralistes sur 10 ont déclaré avoir pour habitude de prescrire les vaccins prévus par le calendrier vaccinal, mais environ un quart n'étaient pas d’accord pour les infections à pneumocoque (22,4 %) et pour les infections à HPV, à l'origine de cancers du col de l'utérus et de la gorge (27,7 %). Près d’un quart des médecins interrogés ont par ailleurs émis un avis « défavorable » ou « très défavorable » concernant la présence d’adjuvants dans les vaccins.
Mauvaise communication, ruptures de stocks, historique vaccinal
Les médecins voient aussi des explications dans le recul de la vaccination. Un sur 3 désigne comme un frein la mauvaise communication des pouvoirs publics – notamment les modifications annuelles apportées au calendrier vaccinal – et par les médias. Les praticiens mettent aussi en cause les difficultés d'accès aux informations nécessaires concernant l'historique vaccinal des patients ainsi que les problèmes posés par les ruptures de stocks de vaccins.
S'appuyant sur ce constat, la SFMG formule 3 recommandations. Elle demande à ce que « l’information vaccinale soit désormais centralisée afin que les médecins traitants puissent recevoir toute modification relative au calendrier vaccinal de leurs patients ». Elle appelle en outre l'agence Santé publique France à organiser « une campagne de communication positive et ambitieuse en direction des professionnels de santé et des patients » et le gouvernement « à mettre en place les conditions nécessaires pour assurer une production industrielle sans rupture ».
La SFMG présentera DIVA, vendredi 30 septembre, au Comité d’orientation national de la vaccination présidé par le Pr Alain Fischer. Le 5 octobre, un débat sera animé par la société savante sur le même sujet en présence de médecins, parlementaires, institutionnels et parlementaires. Une tribune sera adressée à cette occasion à la ministre de la Santé faisant écho à la concertation citoyenne qu'elle a lancée mi septembre.
En appui de son étude, la SFMG, souligne quatre points importants relatifs à l'insuffisance de couverture vaccinale en France :
- L’insuffisante couverture vaccinale contre la rougeole explique l’épidémie de la maladie observée depuis 2008 avec, jusqu’en 2011, plus de 18 500 cas de rougeole déclarés et 10 décès.
- Moins de 25 % des adolescents sont vaccinés contre le Méningocoque C, et la couverture vaccinale contre le papillomavirus n’est que de 17,6 % chez les jeunes filles.
- Chez les adultes, la vaccination contre la grippe chute depuis 2009 et ce, même chez les personnes à risque.
- La vaccination contre le pneumocoque est encore trop rarement effectuée, même chez les patients immunodéprimés pourtant les plus à risque.
*« Déterminants des intentions de vaccination des médecins généralistes français », une étude menée entre 2013 à 2015 pour connaître les freins et les leviers d’action qui existent au sein même de la profession.
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