La fièvre médicale contre la loi de santé est encore montée d’un cran ce mercredi 1er juillet. Reçus pendant près de deux heures à Matignon par le Premier ministre et Marisol Touraine, les syndicats représentatifs de médecins libéraux, d’étudiants, d’internes et de chefs ne sont pas parvenus à rétablir le dialogue considérablement dégradé depuis plusieurs mois par le projet de loi de santé.
Cette seconde réunion, après celle inaboutie du 19 mars, a permis de mesurer combien la fracture est profonde entre les médecins et le gouvernement.
Quatre des cinq syndicats de praticiens libéraux, la CSMF, la FMF, le SML et le BLOC, ont en effet annoncé ce mercredi qu’ils ne participeraient pas aux groupes de travail préparatoires à la grande conférence nationale de santé prévue début 2016. Une conférence bien mal engagée.
Appels à la désobéissance civile
Quelques heures avant de se rendre à Matignon, la Fédération des médecins de France (FMF) avait annoncé sa sortie de ce cycle de réunions, dénonçant notamment le manque de concertation préalable à la loi de santé.
La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) a elle, annoncé au Premier ministre qu’elle refusait de s’engager dans les groupes de travail, qualifiés de « mascarade ». « Manuel Valls a réaffirmé que la loi de santé irait à son terme et serait votée, explique le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. Le gouvernement reste sourd, semaine après semaine, aux demandes des médecins. Ce n’était pas la réponse que nous attendions. » Après avoir lancé un appel au boycott du tiers payant généralisé aux patients ACS, qu’elle juge inapplicable, la CSMF invite les médecins à « amplifier les mouvements de désobéissance civile » contre le projet de loi de santé.
Le Syndicat des médecins libéraux (SML) et le BLOC ont décidé eux aussi de boycotter les groupes de travail. Pour le Dr Eric Henry, président du SML, ni la « démonstration d’autorité » de Manuel Valls ni le « disque rayé qui tourne en boucle » de Marisol Touraine ne peuvent convaincre les professionnels de santé. « Le calendrier proposé par le gouvernement est plus que malvenu, commente le médecin généraliste. Nous ne sommes pas dupes : la loi de santé va passer. En participant aux groupes de travail, on passe pour des suiveurs. Hors de question ! »
Le sceptiscisme de MG France
A l’inverse, les jeunes et MG France seront présents vendredi, lors de la première réunion de travail.
« Nous allons vérifier si l’adage "un problème, un rapport, un tiroir" se vérifie une nouvelle fois », commente le Dr Claude Leicher, président du syndicat de médecins généralistes. « Sceptique » et « pessimiste » sur la suite des événements, MG France ne ferme pourtant pas entièrement la porte au gouvernement. Il conditionne toutefois sa présence à la conférence de la santé, en janvier prochain, à la nomination dans l’intervalle de 20 nouveaux enseignants de médecine générale. Le syndicat attend également « un passage à l’acte » du gouvernement sur la démographie médicale des médecins généralistes, en berne.
La jeune génération est moins sévère que ses aînés. Les internes de médecine générale (ISNAR-IMG), participera à la conférence de santé pour défendre une réforme du 3e cycle. L’Intersyndicat national des internes (ISNI) regrette le départ précipité de la plupart des syndicats de médecins libéraux. Sa présidente s’est montrée plutôt satisfaite de la réunion à Matignon, malgré « une fracture générationnelle » ressentie avec « deux discours, deux visions ». « Globalement, les engagements sont tenus, affirme Mélanie Marquet. Il y a une démarche constructive et une attitude positive ». Les internes souhaitent toutefois obtenir des garanties sur la réforme du troisième cycle des études médicales, le fonctionnement des groupements hospitaliers de territoire et attendent de voir le rapport sur les solutions techniques des complémentaires santé pour gérer le tiers payant généralisé.
Après les grèves de Noël dernier, la manifestation nationale à Paris le 15 mars, l’émergence des coordinations locales et avant des actions programmées de « blocage sanitaire » à la rentrée, la contestation des médecins contre la loi de santé prend un tour nouveau. Avec les élections professionnelles, programmées le 12 octobre prochain, le contexte est peu propice à un apaisement.
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