La prévalence de la souche britannique serait de 9,4 % en Ile-de-France, selon une enquête de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris réalisée entre le 11 et le 21 janvier. Elle s'élèverait à 14 %, estimait de son côté le laboratoire (privé) Eurofins Biomnis d'Ivry-sur-Seine ce 27 janvier, qui utilise un kit de criblage.
Ces chiffres régionaux sont inquiétants, qu'en est-il au niveau national ? Les cas liés au variant britannique 20I/501Y.V1 représentaient 3,3 % de l'ensemble des infections Covid en France, la première semaine de janvier, soit 4 200 cas, selon Santé publique France qui a communiqué ce 29 janvier les chiffres définitifs de la première enquête flash. Celle-ci s'appuie sur les données de 135 laboratoires de biologie médicale (LBM) publics et privés, répartis dans 12 régions en métropole. Les échantillons datés des 7 et 8 janvier au résultat RT-PCR faisant suspecter un variant anglais ont été transmis à trois plateformes publiques (Pasteur, Lyon et Henri-Mondor) pour confirmation par séquençage.
À noter, les cas d'infection au variant anglais, diagnostiqués et confirmés au 27 janvier 2021, n'étaient « que » de 299. De plus, 40 cas d'infection au variant sud-africain, baptisé 20H/501Y.V2 (ZA), ont aussi été rapportés « mais ce recensement n'est que partiel » et ne peut être comparé aux chiffres de l'enquête flash, ont précisé les experts de SPF.
Cette première enquête flash révèle aussi de grandes disparités régionales : si la prévalence du variant anglais est minime en Bourgogne-Franche-Comté (0,2 %), elle s'élève à 6,9 % en Île-de-France.
Une seconde enquête flash a été lancée, et s'appuie sur les résultats de tests PCR rendus ce 27 janvier. Elle devrait permettre de déterminer le niveau de circulation des autres variants 20H/501Y.V2 (ZA) et 20J/501Y.V3 (BR) (brésilien). « On s’attend à une augmentation des proportions plus que probable, car les capacités de transmission de ce variant UK sont plus importantes », a déclaré Bruno Coignard, directeur du service des maladies infectieuses de SPF. Les premiers résultats, issus des tests de criblage dans les LBM, devraient être connus dès la semaine prochaine, puis seront confirmés par séquençage.
Impact du couvre-feu très limité
Après le ministre de la Santé Olivier Véran hier, SPF a répété que l'impact du couvre-feu était trop limité face à la progression préoccupante des indicateurs épidémiologiques. Plus de 20 100 nouveaux cas sont confirmés chaque jour, en semaine 3, et les indicateurs hospitaliers sont en nette progression : augmentation du nombre de nouvelles hospitalisations de 16 % et des nouvelles admissions en réanimation de 20 %.
Si une baisse du taux d'incidence a bien été observée dans les 15 premiers départements soumis à un couvre-feu dès le 2 janvier, la tendance s'est inversée la troisième semaine. « Ces éléments ne sont pas en faveur d’un impact positif du couvre-feu anticipé pour contenir l’évolution défavorable de l’épidémie », lit-on. « Est-ce la mesure elle-même qui n'est pas adaptée, ou son degré d'application ? Nous devons explorer la mobilité de la population pour le savoir », a commenté le Dr Daniel Levy-Brühl, épidémiologiste à SPF.
Augmentation de l'adhésion à la vaccination, mais plus aux mesures barrières
Les dernières données de l'enquête CoviPrev (récoltées entre le 18 et le 20 janvier 2021) témoignent de la fatigue des Français. S'ils continuent à porter le masque en public (85 %), les autres mesures destinées à limiter l'interaction sociale (éviter les regroupements, éviter les visites aux personnes vulnérables, etc.) sont moins systématiquement adoptées qu'en décembre.
Faut-il y voir un lien ? L'adhésion au contact tracing est à la peine. Moins d'un quart des nouveaux cas sont repérés par ce biais, ce qui peut s'expliquer, selon SPF, par une mauvaise compréhension de la définition d'une personne à risque, mais aussi par un défaut de mémorisation. « Les gens peuvent ne pas avoir conscience d'être dans une situation à risque, lorsqu'ils sont dans un cadre amical ou familial ; ou bien ils ne communiquent pas une liste exhaustive car ils savent qu'ils sont hors limites », avance Alexandra Mailles, épidémiologiste à SPF.
Toujours selon CoviPrev, la prévalence des états dépressifs, multipliée par 2 entre septembre et novembre, reste à un niveau élevée (20 % vs 10 % en 2017), tout comme celle des états anxieux (plus de 19 % vs 13,5 % en 2017). Enfin, plus de 54 % des personnes interrogées souhaitent se faire vacciner contre le Covid-19, soit 14 points de plus qu'en décembre.
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