DE NOTRE CORRESPONDANTE
LE PROJET de grande envergure impulsé par le Pr René Mornex, chef de file de l’association Les amis du musée de l’Hôtel-Dieu, aborde donc une étape déterminante. À la fin du mois d’octobre 2010, le comité de pilotage de reconversion de l’Hôtel-Dieu annonçait qu’il confiait au groupe français de BTP, Eiffage, associé à l’hôtelier Intercontinental, le « soin » de reconvertir ce site. En 2016, l’ancien « hôpital des pauvres » de Lyon devrait donc abriter un hôtel 5 étoiles, un centre de congrès et de nombreuses boutiques. Quant à l’avenir de l’actuel musée des Hospices civils de Lyon, abrité sur 700 m2 dans l’hôtel-Dieu, il demeure incertain. D’autant que les Hospices civils de Lyon, qui en assume les 400 000 euros de frais de fonctionnement, se font régulièrement épingler par la Chambre régionale des comptes.
Les plans d’Eiffage prévoient néanmoins une surface de 4 000 m2 susceptible d’héberger ce futur musée de la Santé. Le 25 février, le projet rédigé par Bruno Jacomy, qui a par ailleurs restructuré le musée des Arts et Métiers à Paris, a été approuvé par le conseil scientifique des réseaux des Musées. Ce projet ne vise ni la création d’un musée des hôpitaux de Lyon, ni d’un lieu figé et poussiéreux où s’entasseraient des collections. L’ambition est toute autre. Certes, il rassemblera un patrimoine muséographique d’une richesse exceptionnelle*, mais « seulement un nombre réduit de pièces constituera la collection permanente », indique le Pr Mornex, qui souhaiterait que l’ensemble des pièces soient photographiées et accessibles dans un musée virtuel.
Pour un demi-footballeur.
Le projet se veut surtout « évolutif » : il s’agira de développer une information en direction des étudiants sur les métiers de la santé, mais aussi vers les enfants, par une approche ludique, « un peu sur le mode du Palais de la découverte à Paris », précise René Mornex. Il pourrait aussi offrir toute une série de documents audiovisuels sur des médecins et scientifiques ayant marqué leur époque, tels Louis Jouvet (Sommeil) et Georges David (Banque de sperme). Le budget requis est à la hauteur des ambitions : « Il faudrait, à la louche, 10 000 millions d’euros d’investissement », annonce le Pr Mornex, qui souligne, non sans malice, que « cela ne représente jamais qu’un demi-footballeur » ! Le maire de Lyon, Gérard Collomb, avait averti qu’il ne mettrait pas le moindre centime dans ce projet, et ce, alors que le Grand Lyon participe à la construction d’un nouveau stade de foot.
Le Pr Mornex demeure toutefois optimiste : il envisage, notamment, de proposer aux entreprises du secteur de la santé des « achats de partenariat », qui permettraient progressivement de réunir les fonds. Il se dit plus inquiet quant au budget de 3 millions d’euros annuels, nécessaire à la pérennité du projet. Ce musée pourrait devenir un Établissement public de coopération culturelle, soutenu, par exemple, par le conseil régional, l’université, la Chambre de Commerce de Lyon ou encore le Grand Lyon. Mais il va falloir convaincre. Aussi, lors d’une réunion publique prévue le 30 mars prochain dans le grand amphi de l’École normale supérieure de Lyon, René Mornex va plaider pour la création de ce qui pourrait devenir « le plus grand musée de santé d’Europe ».
* Le musée Testut-Latarjet, le musée des Hospices civils, qui a hérité du patrimoine de l’hôpital de la Charité, le musée d’Histoire de la médecine et de la pharmacie, le musée d’Art dentaire, la collection Albert Renaud consacrée à l’histoire de l’électroradiologie. Et peut-être même une partie du patrimoine immobilier de l’AP-HP, qui prévoit de le vendre pour récupérer 400 millions d’euros.
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