L'organisation mondiale de la santé (OMS) a décrété la fin de l'urgence de portée mondiale liée à l'épidémie de Zika, à l'issue de la 5e réunion de son comité d'urgence sur les microcéphalies et autres désordres neurologiques liés au virus Zika.
Au cours d'une conférence de presse, le directeur du comité, le Dr David Heymann, a précisé : « Nous avons constaté qu'il y avait eu une réponse intensive et coordonnée, surtout dans le domaine de la recherche, face à l'épidémie de Zika. Le comité a donc estimé que le virus Zika constitue un problème de santé publique important et sur le long terme, mais qu'il ne constitue plus une urgence de santé publique de niveau mondial. »
L'urgence de niveau mondiale avait été décidée en février dernier, au cours de la première réunion du comité, et « suite à un nombre très élevé de microcéphalie dont le lien avec l'infection par le Zika n'est pas encore été totalement établi », poursuit le Dr Heymann.
Ne pas minimiser le risque
L'OMS ne nie pas que l'aire géographique menacée par le virus Zika poursuit sa progression. « Depuis la 4e rencontre du comité, qui s'est tenue le 3 septembre, 2 pays d'Asie du Sud-Est et 6 pays d'autres régions ont reporté des cas de microcéphalies potentiellement liés aux virus Zika, commente le Dr Peter Salama directeur executif du programme de gestion des situations d’urgence sanitaire. Dans le même temps, le Brésil, la Thailande et les États Unis ont fourni des informations sur les nouvelles mesures de prévention qu'ils ont mises en place. »
Cette annonce fait craindre une baisse de l'effort international : « Il est possible que les contributions volontaires au programme de lutte contre l'épidémie de Zika baissent suite à cette annonce », reconnaît le Dr Heymann. « Nous ne voulons pas minimiser le risque de l'épidémie, poursuit le Dr Salama, nous envoyons le message que Zika est destiné à durer et que la réponse de l'OMS va se maintenir d'une manière très solide. Nous devons nous inscrire dans une réponse de long terme sur de nombreux aspects : développement d'un vaccin, prévention des microcéphalies, prise en compte de la santé sexuelle et reproductive. » Un groupe consultatif technique va maintenant être constitué par l'OMS, qui constituera les groupes d'un groupe de travail dédié au sein de l'organisation.
Inquiétude au Brésil et aux USA
L'annonce de l'OMS a immédiatement suscité une réaction particulièrement inquiète au Brésil. « Nous sommes préoccupés du fait que le message de l'OMS puisse être interprété comme un signe négatif, que le Zika n'est plus une urgence, une priorité. L'effort international doit continuer, ne peut pas baisser. Le problème du Zika ne disparaît pas avec le fait que le virus n'est plus une urgence de santé publique mondiale », s'est alarmé Paulo Gadelha, le président de la Fondation gouverne mentale brésilienne Oswaldo Cruz (Fiorcruz), chargée de lutter contre les problèmes de santé publique au Brésil.
Avant la tenue du groupe d'experts de l'OMS, le ministre brésilien de la Santé, Ricardo Barros, avait d'ailleurs indiqué que le Brésil maintenait tout son territoire en situation d'urgence de santé publique « jusqu'à ce que la situation nous donne toute tranquillité ». Cette décision a été qualifiée de « tout à fait appropriée pour le Brésil » par le Dr Heymann, mais pour qui « une urgence de santé publique de portée mondiale a une connotation spéciale ».
Un expert des questions sanitaires à l'université de Georgetown à Washington, Lawrence Gostin, a estimé aussi que la décision de l'OMS était « assez inquiétante », à l'approche de la saison d'été dans l'hémisphère sud, avec les risques liés aux moustiques que cela représente.
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